Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, Donald Trump enchaîne les mauvaises décisions. En mai, le président américain a notamment pris la décision de réduire le budget du Département d’Etat de 28 %. En parallèle le budget du Pentagone a été augmenté de 54 milliards de dollars. Suite à cette réduction de budget, le secrétaire d’Etat Rex Tillerson a dû revoir à la baisse les crédits destinés l’US Agency for international Development (USAID), chargée de répartir les aides médicale, civile, sociale, économique, alimentaire et militaire à l’étranger. Jim Mattis, le patron du Pentagone en personne, déclarait : « Si l’on ne donne pas au Département d’Etat ce qu’il réclame, moi je vais avoir besoin d’acheter plus de munitions. » En 2015 déjà, Martin Dempsay, alors chef d’Etat-major des armées, avait tenté d’expliquer à ses homologues européens lors d’une réunion de l’OTAN que « balancer un tapis de bombes n’était pas la solution ». Ce conseil n’a pas eu l’impact voulu car la coalition a poursuivi ce que l’on appelle l’« antiterrorisme aérien ».
Même son de cloche du côté de Pierre de Villiers, général français et chef d’Etat-major des armées, qui avait vivement critiqué les dirigeants politiques — dont Hollande — qui pensaient naïvement qu’avec plus de guerre, il y aurait moins de terrorisme. Lors de l’université d’été de la Défense, son discours avait le mérite d’être clair, en présence de ministres tels que Valls ou Le Drian, mais aussi de chefs militaires et des industriels de l’armement… Il avait alors lancé : « Une stratégie basée sur les seuls effets militaires ne pourra jamais agir sur les racines de la violence quand celles-ci s’ancrent dans le manque d’espoir, d’éducation, de justice, de développement… On ne détruit pas une idéologie avec des bombes. » En avril 2017, Hervé Bentégeat, chef d’Etat-major particulier de Chirac puis chef d’Etat-major des Armées françaises, dressait un triste bilan des dernières guerres françaises, en qualifiant les interventions en Afghanistan, en Libye et en Centrafrique, d’« échecs » ajoutant qu’en Libye, « on en a profité pour faire disparaître Kadhafi… et on est partis le plus vite possible laissant dernière nous le chaos. »
Finalement, en France comme aux Etats-Unis, les chefs d’Etat successifs n’ont pas l’air de tenir compte des conseils pourtant avisés de leurs généraux, alors qu’ils sont les mieux placés pour comprendre les réels enjeux sur le terrain.