Hier au Trocadéro, François Fillon a exhorté les médias et les Français à arrêter de parler des affaires judiciaires qui le freinent dans sa course à l’Elysée. Le candidat des Républicains a d’ailleurs lancé à la foule réunie à Paris : « On peut peut-être parler maintenant du terrorisme, du chômage, des relations avec les Etats-Unis, du terrorisme islamique. » Un peu plus tôt, il rappelait que « ce qui se passe actuellement donnerait presque à croire que nous sommes dans une comédie si durant ces cinq années ne s’était pas présenté un terrible danger, je veux parler du terrorisme islamique. » Par deux fois, François Fillon a donc utilisé le mot « islamique » pour parler de terrorisme. On se dit que, pris dans un tourbillon d’événements négatifs, François Fillon a confondu par inadvertance « islamique » et « islamiste. » Et qu’il ne faut pas lui en tenir rigueur.
En confondant « islamique » et « islamiste », François Fillon cultive la confusion
Sauf que, l’année dernière, le candidat de la droite avait sorti un livre intitulé « Vaincre le totalitarisme islamique. » Et là, pas de doute, ce titre avait dû être lu et relu, les mots pesés et cela relevait forcément d’une volonté politique de François Fillon de parler d’Islam et non d’islamisme. Car, faut-il rappeler au candidat de la droite que le mot « islamique » signifie tout simplement « propre à l’Islam », là où l’islamisme, selon le dictionnaire Larousse, signifie « depuis les années 1970, un courant de l’Islam faisant de la charia la source unique du droit et du fonctionnement de la société dans l’objectif d’instaurer un Etat musulman régi par les religieux » ? Confondre les deux mots illustre une volonté du candidat d’amalgamer les musulmans avec les terroristes. C’est bien de cela dont il s’agit aujourd’hui. « Comment se fait-il que cette pathologie ‘islamiste’ de l’Islam soit appelée ‘islamique’ dans le titre, comme si le mal était dans l’essence même de l’Islam ? », demandait à la sortie du livre de François Fillon le philosophe et essayiste Abdennour Bidar. François Fillon a cultivé la confusion, aussi bien avec le titre de son livre qu’avec ses petites phrases lancées hier au Trocadéro. François Fillon ferait bien de se souvenir qu’« islamiste » et « islamique » sont deux mots aux significations différentes, car il met aujourd’hui à la marge de la société près de 8 % de la population française.