vendredi 22 novembre 2024
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Plus de vingt ans après son arrivée en France, Mohamed Sifaoui découvre ce qu’il savait déjà

« La LICRA n’est pas encore prête à accueillir des cadres d’origine maghrébine (…). Même des Maghrébins laïques et démocrates, progressistes, luttant contre l’antisémitisme n’y ont pas leur place. » Mohamed Sifaoui, nommé délégué à la lutte contre les extrémismes religieux et politique de l’association il y a un peu plus d’un an, a claqué la porte de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) et le fait savoir dans un long communiqué posté sur les réseaux sociaux. L’histoire d’amour entre l’organisation dirigée par Alain Jakubowicz et Mohamed Sifaoui aura donc été brève, alors que le mandat de ce dernier devait normalement courir jusqu’en 2019. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Sifaoui est énervé : « La LICRA d’aujourd’hui est une LICRA de postures et non pas de convictions, c’est une LICRA de calculs et non pas d’engagements, une LICRA aussi de salons et non pas de terrain, une LICRA enfin d’ambitions personnelles, non pas de militantisme sincère. »

Engagé dans une surenchère permanente, sa haine des associations antiracistes jugées indésirables par l’Etat n’était plus à démontrer. Arrivé en France dans les années 1990, il se fait connaître pour ses positions virulentes contre ce qu’il appelle « le fondamentalisme musulman » — et ses alliés —, qui comprend tous ses détracteurs, entre en conflit ouvert avec les organisations de lutte contre l’islamophobie, soutient les différentes lois islamophobes, provoque tollé après tollé sur les réseaux sociaux pour ses propos racistes et misogynes.

Il s’aventure même à se placer comme expert de la lutte antiterroriste. Dans un de ses reportages, Mohammed Sifaoui avait déclaré ni plus ni moins avoir intégré une cellule terroriste dans un reportage qui avait fait rire d’autres journalistes comme ici dans l’émission Arrêt sur images et — autre révélation — annonçait savoir où se cachait Ben Laden… alors que ce dernier était traqué par les services de renseignement du monde entier.

Alain Jakubowicz préfère se pavaner sur les plateaux de télévision plutôt que d’être sur le terrain.

Il aura donc fallu un an à Mohamed Sifaoui pour constater l’évidence. Après avoir servi de caution ethnico-religieuse, Mohammed Sifaoui quitte la LICRA pour les mêmes raisons qui l’ont rendue détestée par le camp antiraciste. L’intéressé ne pouvait pas nier ce qui se savait déjà : que la LICRA avait trahi sa mission première pour devenir un groupe de pression allié au Printemps Républicain et au CRIF. Pourtant, aujourd’hui, il feint de découvrir le pot-aux-roses. Il a fallu, dit-il, attendre « la fameuse affaire Bensoussan », qui date tout de même du début de l’année. En janvier, Mohamed Sifaoui se disait alors « fier » de son appartenance à la LICRA, affirmant que, « contrairement à d’autres, leur engagement est clair. » Visiblement, l’homme a changé d’avis : « Certains cadres, certains partenaires qui trouvent tribune à la LICRA, sont porteurs — dans l’indifférence quasi générale — d’un discours qu’une association antiraciste se doit de combattre et d’exclure et non pas d’accepter d’une manière ou d’une autre », écrit notamment un Mohamed Sifaoui qui a donc enfin remarqué qu’Alain Jakubowicz préférait se pavaner sur les plateaux de télévision plutôt que d’être présent sur le terrain. Un terrain qui a pourtant besoin de véritables associations antiracistes… 

Déçu de ne plus pouvoir tirer profit de son rôle de caution ethnique, le voilà sorti publiquement pour expliquer ce que des millions de personnes savent déjà en France, bien avant qu’il ne débarque et se mette à donner des leçons à ceux qui étaient là avant lui. Vu le rôle qu’il a joué dans la normalisation du racisme antimusulmans en France, Mohammed Sifaoui ne manquera pas de trouver du travail et de manger dans une autre gamelle. Sa perte de vitesse et sa déchéance auprès des organisations sionistes et laïcardes ne lui serviront pas de leçon tant le filon est rentable, mais ce qu’on peut espérer de mieux, c’est que son cas serve de rappel à celles et ceux qui attendent leur tour. 

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