Et si la culture de l’écologie passait par les mosquées ? C’est le pari fait par l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique. Cette dernière estime que la religion pourrait devenir l’un des principaux vecteurs d’une prise de conscience quant à l’environnement au Maroc et a donc lancé les mosquées vertes. En effet, comme le précise le ministère des Affaires islamiques du royaume, sur les 35 millions d’habitants que compte le Maroc, au moins 15 % d’entre eux se rendent aux prêches du vendredi dans l’une des 50 000 mosquées du royaume. L’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique a donc décidé de confier aux imams locaux la lourde tâche de sensibiliser les croyants à la lutte contre le réchauffement climatique. « Une mosquée ne consomme pas beaucoup d’énergie, mais les mosquées vertes permettent de passer un message fort. Car après les mosquées, ce seront peut-être les foyers qui passeront à l’électricité verte », résume Saïd Mouline, directeur général de l’AMEE. L’agence a donc décidé de former les responsables religieux, de leur distribuer des petits livrets expliquant les enjeux de la sauvegarde de la planète. Sans aller trop loin : les textes islamiques contiennent déjà assez de références à la planète pour que chaque croyant puisse prendre conscience du problème.
Les ampoules remplacées par des diodes
Cette lutte contre le réchauffement climatique passe évidemment par la mise en place de nouvelles façons de produire de l’énergie. Et là encore, les mosquées ont un grand rôle à jouer. A l’horizon 2021, une quinzaine de milliers de mosquées devraient devenir « vertes », c’est-à-dire alimentées par l’énergie solaire. A Marrakech, ville qui a accueilli la COP22 pendant une douzaine de jours, deux mosquées bénéficient déjà de cette appellation. La plus imposante, c’est la grande mosquée Koutoubia. Si Ahmed, un vieil homme vêtu de l’habit traditionnel marocain, nous ouvre les portes de « sa » mosquée. Il faut dire qu’il est fier d’être un fer de lance de cette initiative. Celui qui, chaque jour, fait les appels à la prière nous invite à pénétrer dans les lieux. A l’entrée, un panneau lumineux indique la puissance fournie en temps réel par les panneaux solaires et recense la quantité de CO2 que la mosquée verte a évité de diffuser dans l’atmosphère. A l’intérieur, Si Ahmed nous fait d’abord visiter la cour, dans laquelle trônent de magnifiques citronniers. Mais ce n’est qu’un début. L’homme ouvre une porte pour nous emmener sur le toit de l’édifice religieux. Là-haut, des panneaux solaires ont été installés. Ils captent les rayons du soleil pour alimenter les diodes électroluminescentes, qui ont remplacé les ampoules, dans la salle de prière.
« Inciter d’autres pays à s’engager sur la même voie »
A quelques encablures de la mosquée, la salle des ablutions. Là aussi, des panneaux solaires ont été posés sur le toit. Cela permet d’alimenter le chauffe-eau sans dégager de carbone et de fournir de l’eau chaude aux fidèles. Un mélange de traditions — ce lieu de culte date du XIIe siècle — et de modernité qui fait de la Koutoubia une des pionnières des énergies vertes. Avec cette dernière, les autorités religieuses du Maroc sont devenues des acteurs du développement durable à part entière. C’est d’ailleurs l’objectif, selon l’AMEE qui affirme vouloir « diffuser un message positif sur la contribution novatrice des autorités religieuses marocaines dans le développement durable » et « mettre la lumière sur des projets concrets afin d’inciter d’autres pays à s’engager sur la même voie. » Car le royaume chérifien veut être un moteur pour l’Afrique. Une mosquée consomme en moyenne 90 kW par jour. A Marrakech, les bienfaits des panneaux solaires de la Koutoubia pour l’environnement sont donc anecdotiques. Mais le ministère des Habous et des Affaires Islamiques espère lancer un message fort et inciter ses voisins africains à faire de même. Un premier pas pour sauver l’environnement sur le continent et amener les populations à prendre conscience que la sauvegarde de la planète passe par les énergies vertes.
