Après l’épisode de l’escrimeuse américaine Ibtihaj Muhammad, retenue pendant deux heures à la frontière américaine, début février, et le témoignage de l’actrice Lindsay Lohan, priée d’enlever son foulard par les douaniers américains, les témoignages de musulmans bloqués à la frontière US se succèdent ces derniers jours. Preuve que le « Muslim Ban », le décret signé par Donald Trump qui devait empêcher les citoyens de sept pays musulmans de fouler le sol américain, a fait bien plus que son effet. Hier, Karim Achoui, chroniqueur du MuslimPost, indique avoir été « interdit de vol » alors qu’il disposait d’un visa et d’un billet d’avion. Sans aucune raison. Mais il n’est pas le seul. Plusieurs personnes ont également assuré avoir subi des discriminations au moment de franchir la douane américaine.
C’est le cas d’un Bruxellois. Parti en vacances à New York, Karim, qui est le cousin d’une speakerine de la chaîne RTL-TVI, a, lui, pu rallier les Etats-Unis. Mais il s’est fait emprisonner, avant d’être rapatrié en Belgique illico-presto. Après un « contrôle de sécurité spécial », l’homme a pu monter dans l’avion vers les USA, où il a été convoqué au service de l’immigration. Après quatre heures d’attente, Karim est auditionné. « Ils m’ont demandé si j’avais déjà été en Syrie, ce que je pensais de l’État islamique ou encore si je connaissais des gens qui faisaient partie de Daesh », dit-il, décrivant une « violence morale » inouïe. Les agents ont même fouillé son téléphone portable. Menotté après la découverte de photos de lui « avec l’index droit levé », il est donc refoulé et rapatrié dans les quarante-huit heures.
Des faits qui arrivent également à des Américains. Le fils du boxeur Muhammad Ali affirme lui aussi avoir été retenu et interrogé pendant deux heures alors qu’il revenait aux Etats-Unis après un voyage en Jamaïque. Relâché après que sa mère, Khalilah Camacho-Ali, a montré une photo de son ex-mari aujourd’hui décédé, le fils du boxeur raconte les questions qu’on lui a posées : « D’où tirez-vous votre nom ? » ou encore « Êtes-vous musulman ? » L’avocat de la famille estime que, « pour la famille Ali, c’est clair que tout cela est directement lié aux efforts de Monsieur Trump d’interdire l’entrée des musulmans aux Etats-Unis. » Ces cas ont pu être médiatisées car il s’agissait de personnes connues. Quid des autres ? L’avocat de Muhammad Ali Jr. a décidé, en concert avec la famille Ali, de « découvrir combien d’autres personnes avaient été retenues pour des interrogatoires similaires » et envisagerait de déposer plainte.