Ce serait à la fois le choix de la nouveauté et celui de l’expérience. Maire Les Républicains du Havre depuis 2010 et député depuis 2012, Edouard Philippe serait la première surprise du président Macron, à en croire les rumeurs les plus persistantes. Il faut dire que, comme Emmanuel Macron, Edouard Philippe n’en a que faire du clivage gauche-droite : après avoir milité deux ans au Parti socialiste et soutenu Michel Rocard dans les années 1990, il occupe un poste à responsabilités à partir de 2002 pour la création de l’UMP. Juppéiste de la première heure, Edouard Philippe a pris ses distances avec Les Républicains depuis l’affaire Fillon, reprochant au candidat de la droite de ne pas avoir tenu sa parole de ne pas se présenter en cas de mise en examen. « Il a fait l’inverse de ce qu’il disait », explique à l’époque le député-maire.
Edouard Philippe, « un homme de droite »
Au Havre, la ville d’Edouard Philippe, Emmanuel Macron est arrivé en tête du second tour de l’élection présidentielle avec 67,3 % des voix, devant Marine Le Pen. Une élection qui, malgré son appartenance au parti Les Républicains, n’a pas été critiquée par Edouard Philippe, là où les ténors de LR émettaient, sur les plateaux de télévision, leurs premiers doutes. « Je m’en réjouis, maintenant il doit passer de l’ordre du discours et de la campagne, à l’ordre du gouvernement et des actes », a réagi Edouard Philippe au soir de l’élection d’Emmanuel Macron. Pour le nouveau président, Edouard Philippe serait une prise intéressante : l’occasion d’affaiblir un peu plus la droite LR en sciant la branche juppéiste. Et montrer qu’il tient sa promesse de renouvellement des têtes.
D’ailleurs, Edouard Philippe, s’il « ne commente pas les rumeurs », se positionne volontiers pour rejoindre Matignon. Notamment parce qu’il a déjà annoncé qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat de député dans deux mois. Le maire du Havre a tenu à rappeler qu’il restait « un homme de droite », mais nuance : il peut travailler avec tous les bords politique « sans que ça ne (lui) pose aucun problème », du moment qu’il agisse dans l’intérêt du pays. Avec Bruno Le Maire, Christian Estrosi ou encore Alain Juppé, qui estime qu’« il vaut mieux rassembler qu’exclure », Macron semble attirer nombre de personnalités LR. François Baroin pourrait se retrouver bien seul pour la reconstruction du parti de droite. D’autant que l’ex-plan B de la présidentielle vise, pour son parti, à peine 150 sièges à l’Assemblée, au mieux. En prenant Edouard Philippe comme Premier ministre, Emmanuel Macron donnerait un coup fatal à LR. Avec la disparition programmée du Parti socialiste, les deux premières forces politiques en France deviendraient donc En Marche ! et le Front National.