Le CSA vient de publier un rapport accablant, dans lequel il indique que, malgré leurs engagements, les chaînes de télévision ne sont pas assez représentatives de la population française.
Des dealers d’origine maghrébine ou des blacks armés jusqu’aux dents dans les séries… Les clichés ont la vie dure, même dans les fictions. Dans son rapport au Parlement relatif à la représentation de la diversité de la société française à la télévision et à la radio, le Conseil supérieur de l’audiovisuel estime que, « malgré les efforts déployés par les opérateurs audiovisuels, la représentation de la société française n’apparaît pas aussi diverse et variée qu’elle devrait l’être. » En effet, indique ce rapport, « seules 14% de personnes présentes sur nos écrans sont perçues comme ‘non blanches’. » Le CSA ajoute que les « non-blancs » sont encore moins représentées en termes de catégories sociales élevées et que, « en termes de rôles, si le taux des personnes perçues comme ‘non blanches’ est de 21 % pour les figurants, il n’est que de 9 % pour les héros. »
Une « clause diversité » pour les séries
Autrement dit, il y a trop peu de personnes « non blanches » à la télévision et, en plus, ajoute le Conseil, « s’agissant des attitudes, celles qui sont négatives sont incarnées à 29 % par des personnes perçues comme ‘non blanches’, alors que les attitudes positives ne le sont qu’à 12 % pour les personnes perçues comme ‘non-blanches’. » Pourtant, en 2010, les diffuseurs s’étaient engagé à introduire une « clause diversité » dans les contrats de programmes commandés, c’est-à-dire qu’ils devaient faire en sorte que, « pour les fictions commandées, une proportion significative des rôles soit interprétée par des comédiens perçus comme contribuant à la représentation de la diversité de la société française. » Mais les engagements des diffuseurs « restent trop modestes », déplore le CSA.
La télé, « instrument de cohésion sociale »
Malgré les statistiques peu flatteuses délivrées par le CSA, le rapport indique que « toutes les chaînes disent s’engager à ce que la diversité de la société française soit représentée dans tous les genres de programmes mis à l’antenne. » D’où vient, alors, cette différence entre cet engagement et la réalité des chiffres ? « L’absence d’engagements quantifiés ne permet pas au Conseil d’apprécier leur réalisation et la dynamique déployée en faveur d’une meilleure représentation de la diversité à l’antenne », écrit le CSA, qui suggère une « modification législative. » Cela permettrait au Conseil « d’exiger davantage de la part des diffuseurs. » On passerait alors du volontariat à une obligation de représentativité. Pour Mémona Hintermann, conseillère au CSA en charge de la diversité, la télévision est « un instrument de cohésion sociale. » La période actuelle montre qu’on est encore loin d’une cohésion totale…