Nous avons, ce week-end, dépensé 2,99 euros pour acheter Marianne. Considérez que c’est là la contribution de notre site à l’opération de sauvetage de ce magazine fondé en 1997 par Jean-François Kahn et Maurice Szafran et une participation très symbolique à la liberté de la presse que nous défendons autant que vous. Certes, nous savions que nous allions y trouver une brève sur LeMuslimPost, mais nous n’avons pas rechigné : ces 2,99 euros, Marianne en a besoin et nous ne voulions pas être accusés, comme l’indique le titre de cette brève d’une malhonnêteté sans nom, de vouloir « tuer Marianne. » Car non, nous ne voulons pas tuer ce magazine qui n’a semble-t-il pas eu besoin de nous pour en arriver à être placé en redressement judiciaire. Que l’on se réjouisse d’une éventuelle « disparition des kiosques de ce titre » est évidemment faux. Ce ne serait pas très Charlie.
Du travail journalistique approximatif
L’auteur de ce petit texte n’a, a priori, pas bien lu l’article consacré à l’information traîtant des difficultés financières de son magazine. Ni le reste des articles du MuslimPost, d’ailleurs. Car affirmer que nous sommes un site « proche des associations qui ont tenté de faire taire Charlie Hebdo par voie de justice » et qui a désavoué « la méthode Kouachi du bout des lèvres, tout en insinuant que les caricatures du Prophète méritaient châtiment » est là aussi malhonnête et ne repose sur aucun semblant de preuve. Le 9 janvier 2015, deux jours après les attentats, nous dénoncions « un carnage sans religion. » Mais à quoi bon se justifier, puisque pour Marianne, un musulman qui s’exprime est forcément un islamiste proche des Frères musulmans ? Depuis plusieurs années, Marianne semble avoir oublié les principes du journalisme. Comme lorsque, en avril dernier, le magazine reprenait une news sur les plages réservées aux femmes voilées voulues par Podemos tirée d’un site de… la fachosphère espagnole.
[Erratum] A propos de notre article sur Podemos et les plages réservées aux femmes voilées.. https://t.co/Uvr2PC3KYO pic.twitter.com/J9FFyIfpya
— Marianne (@MarianneleMag) 30 avril 2016
Sans oublier l’article de Martine Gozlan, qui dénonçait au Qatar un établissement français qui semblait répondre aux règles de l’Islam. « Un lycée Voltaire version Charia », dénonçait la journaliste. Le Quay d’Orsay avait alors rappelé que c’était de l’intox et que « l’établissement s’engage notamment à respecter la ‘charte de l’enseignement français à l’étranger’, qui se réfère aux principes de laïcité et de neutralité de l’éducation. » On ne parlera pas de la façon dont la même journaliste traite l’actualité étrangère, notamment en Tunisie, ou encore sa propagande anti-BDS.
Marianne ne cesse de dévoyer la laïcité
Enfin, concernant le fait que « Marianne paye sa défense de la laïcité », permettez-nous de doucement rire. Votre vision de la laïcité, dans la droite ligne de celle de Lydia Guirous, Laurent Bouvet et du Printemps républicain, est une « laïcité défensive » ou dite « de combat. » Vous vous opposez régulièrement à la loi — c’est tout à fait votre droit — et êtes donc bien loin de défendre, comme vous l’écrivez, la laïcité. Au mieux, vous la dévoyez. Quand Guy Konopnicki dénonce que la RATP accepte une publicité avec une femme voilée en écrivant que l’« on se croirait revenu à l’époque où les compagnies maritimes vantaient les délices des colonies à grand renfort d’images de femmes dont on n’apercevait que le regard aguicheur », il est donc dans la défense de la loi de 1905 ? Quand Marianne publie son texte « Laïcité, il est temps de se ressaisir ! », le magazine ne pointe-t-il pas du doigt les Français musulmans, comme l’écrivait très justement Alain Gresh dans Le Monde Diplomatique ? Vos approximations ne nous donnent pas pour autant envie de vous voir disparaître. Nous rêvons de continuer à voir Marianne sortir dans les kiosques. Mais nous préférions lorsque le titre était placé un peu plus loin de Valeurs Actuelles. Question de point de vue. Vous le comprenez certainement, vous qui êtes si Charlie…