On la dit désunie, mais la gauche a réussi à montrer qu’il existe une certaine entente quant à un point : la laïcité. Hier soir, lors du deuxième débat des primaires citoyennes, les candidats en course pour l’investiture à la présidentielle n’ont pas voulu faire d’étincelle quant à ce sujet en ce moment sensible. Arnaud Montebourg et Jean-Luc Bennahmias, par exemple, ont décidé de ne pas en rajouter, assurant que la loi de 1905 était suffisante pour répondre à la problématique actuelle. Une problématique liée, selon Vincent Peillon, à une méconnaissance du principe de laïcité par les « élites françaises. » Selon l’ancien ministre de l’Education, il faut donc préférer la pédagogie et « enseigner le principe de laïcité au Français. » Sylvia Pinel, qui va dans le même sens, propose d’ajouter un « module de formation » consacré à la laïcité à destination des enseignants. Ce qui existe depuis… 2015. Benoît Hamon, lui, propose un « retour de l’enseignement moral et civique dans les collèges »
Ne pas utiliser la laïcité pour stigmatiser
Pour tous les candidats, la loi de 1905 a du bon et il n’est pas question de dévoyer le principe même de la laïcité. François de Rugy estime notamment que, au vu du débat actuel, il existe un risque de « régression » de la laïcité, là où ce principe devrait rester selon lui « un bouclier qui nous défend. » Le candidat propose une « initiative nationale pour promouvoir la laïcité en France. » Mais attention de ne pas s’en servir à des fins politiciennes. Benoît Hamon trouve par exemple que l’on se sert actuellement de ce principe comme d’« un glaive. » Le candidat refuse que cette question fracture une nouvelle fois la gauche et demande l’union. Même Manuel Valls abonde dans son sens. « Aujourd’hui, regrette-t-il, la laïcité est remise en cause par certains », avançant une nouvelle fois son idée de « charte de la laïcité adossée à la Constitution. » Pour l’ancien Premier ministre, il faut désormais « rassembler et ne pas désigner une religion, en l’occurrence l’Islam, comme incompatible avec la République. » Arnaud Montebourg, lui, avance son « refus de stigmatisation » par la laïcité quand Benoît Hamon demande de ne « pas désigner l’islam comme incompatible avec la République. » Enfin, Sylvia Pinel s’est dite choquée par la phrase désormais célèbre de François Fillon, se revendiquant chrétien. « C’est une forme de revendication personnelle. Une forme de communautarisme », dénonce la ministre du Parti radical de gauche, qui estime qu’il faut « donner du sens » à la laïcité et « ne pas la dévoyer pour stigmatiser. »