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Laïcité et Islam : que proposent les candidats de la gauche ?

Manuel Valls fait du pied aux musulmans

Manuel Valls, qui n’a cessé de fustiger les musulmans pendant son mandat à Matignon, s’est adouci en vue de la campagne pour la primaire. Dans son programme, l’ancien Premier ministre fait un appel du pied aux musulmans : l’Islam est, dit-il, « compatible avec les valeurs de la République » et il « appartient aux musulmans de se défendre contre (les) obscurantismes qui peuvent guetter. » Pour Manuel Valls, la République « doit protéger et aider » les musulmans. Plus concrètement, Manuel Valls indique vouloir « ouvrir le CFCM à la diversité de l’Islam et aux nouvelles générations », mais également « libérer le financement de l’Islam de France des influences étrangères » et « permettre aux futurs imams d’avoir dans les universités un accès gratuit à un enseignement. » Rien de bien neuf, donc. Sur la laïcité, c’est le flou artistique. Manuel Valls émet l’idée de « rédiger une charte de la laïcité qui serait adossée à la Constitution. » Le terme d’« adossement » ne voulant pas dire grand-chose.

Benoît Hamon veut combattre les discriminations

Pour ce qui est de la laïcité, Benoît Hamon semble de son côté bien décidé à ne pas répondre aux sirènes de Manuel Valls, qui n’a de cesse de parler de ce thème et d’Islam. Dénonçant « cette laïcité utilisée comme un glaive contre une seule religion », le député des Yvelines a réaffirmé son attachement à la loi de 1905 sur une laïcité « sans excès » basée sur le respect des libertés des religions et religieux. Concernant l’égalité, Benoît Hamon, qui prône une « République bienveillante et humaniste » veut s’imposer comme le candidat du vivre-ensemble. Il promet de ne pas tolérer « les discriminations que subissent encore trop de nos concitoyens en raison de leur sexe, de leur couleur de peau, de leur handicap ou de leur orientation sexuelle. » Pour le candidat, « la diversité est une richesse », et « l’égalité des chances et la mixité sociale doivent devenir une réalité. » Côté politique étrangère, le candidat à la primaire a frappé un grand coup en assurant qu’il reconnaîtrait la Palestine s’il était élu. De quoi s’adjuger une bonne partie du vote des musulmans.

Pour Vincent Peillon, une laïcité qui ne soit pas un instrument de domination

Du côté de Vincent Peillon aussi, on prône la rupture avec le principe de laïcité qui a été défendu par Manuel Valls pendant ses années à Matignon. Lors de ses différentes interventions télévisées, le député européen a fustigé l’ex-Premier ministre, dénonçant sans le nommer « qu’on ait pu soutenir des arrêtés contre le burkini. » Lui veut défendre « une idée humaniste de la laïcité républicaine qui est celle de 1905. » L’ancien professeur de philosophie rappelle dans son programme que « la laïcité garantit la liberté de conscience, celle de croire ou de ne pas croire, et l’égalité de tous par deux principes : celui de la séparation des Eglises et de l’Etat ; celui de la neutralité de l’Etat. » Pour lui, cette laïcité « est donc une valeur d’émancipation pour chacune et chacun, et non un instrument de domination à l’égard de certaines catégories de la population. » Il fustige ceux qui prônent une laïcité «  à géométrie variable » et estime que la loi de 1905 « ne saurait être remise en question et doit être protégée comme notre bien commun. »

Arnaud Montebourg ne légifèrera pas sur le voile à l’université

Concernant Arnaud Montebourg, peu de propositions sur la laïcité dans son programme. L’ancien ministre du Redressement productif prône une « laïcité inclusive. » D’ores et déjà, il indique que s’il accède aux plus hautes fonctions de l’Etat, il ne légifèrera pas sur le port du voile à l’université ou en entreprise. Pour Montebourg, la loi de 1905 « donne une ligne de conduite » et il « refuse qu’on se serve de la laïcité à des fins politiques. » Lors de L’Emission politique, sur France 2, l’ex-Ministre a tout de même tenu à rappeler que « l’Islam, comme toute religion, est compatible avec la République à condition qu’on en respecte les principes et les lois, a affirmé. » Sur la même ligne que Benoît Hamon ou encore Vincent Peillon, il s’est déclaré opposé à l’interdiction du burkini. « Vous allez autoriser le voile dans la rue, mais dès qu’on passe la plage, c’est interdit. C’est incompréhensible. Donc vous allez avoir une sorte de laïcité qui montre du doigt alors que nous pourrions l’avoir inclusive », dit-il.

Pour les petits candidats, la laïcité n’est pas un enjeu majeur

Loin des quatre favoris, on retrouve des petits candidats crédités de bien peu d’intentions de vote, comme Jean-Luc Bennahmias. Le député européen estime dans son programme qu’« il faut reconstruire le vivre ensemble, qui permet à chacun de donner un sens à sa vie. » Comme plusieurs de ses concurrents à la primaire, le candidat prône la laïcité telle qu’elle a été définie par la loi de 1905. Cette laïcité, assure-t-il, « sera appliquée dans les termes mêmes de cette loi, garantissant la liberté de croire ou de ne pas croire, et la neutralité de l’Etat et des institutions, favorisant le dialogue dans la société. » Pour Jean-Luc Bennahmias, c’est la laïcité « qui a permis de ne pas communautariser la société française. Elle nous a permis l’intégration de la majorité des enfants et petits-enfants de l’immigration du Maghreb, qui se déclarent aujourd’hui laïques, faut-il le rappeler ? » Selon le candidat, cette laïcité « nous a évité de sombrer dans le piège tendu par les islamistes d’une guerre entre communautés. » Seul candidat écologiste ayant préféré la primaire des gauches à celle des Verts, François de Rugy estime que la laïcité à la français « n’a pas à être qualifiée. » Pour le candidat écolo, « les citoyens ne sont pas identiques, sont porteurs, chacun, d’identités multiples, de systèmes de valeur qui leur sont propres, mais les citoyens sont égaux et la fonction de l’Etat doit être de fournir à chacun le cadre adapté à l’exercice de sa liberté individuelle. » François de Rugy propose « une grande initiative nationale autour du partage des valeurs d’égalité entre les sexes, de la laïcité et de l’altérité. » Quant à Sylvia Pinel, la candidate des radicaux de gauche, qui affirme vouloir incarner « une gauche progressiste, humaniste, laïque et européenne », elle n’en dit pas beaucoup plus sur la laïcité, préférant se concentrer sur des sujets plus économiques et sociaux.

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