Imposer à Danièle Obono de dire « Vive la France » relève-t-il du racisme ? C’est la question posée ce matin par le compte officiel des « Grandes Gueules » de RMC. Il y a deux jours à l’antenne, les chroniqueurs de l’émission de radio ont exhorté la nouvelle députée de la 17ème circonscription de Paris à clamer « Vive la France ». Devant le manque d’enthousiasme de Danièle Obono face à cette invective, la polémique a enflé. Les présentateurs des « GG » reprochent notamment à la dirigeante de la France insoumise d’avoir défendu le groupe ZEP, qui chantait « Nique la France », en signant une pétition et d’avoir rechigné à clamer son amour pour son pays. Dans Jeune Afrique, la députée explique que ce n’est pas parce qu’elle a défendu la liberté d’expression qu’elle « nique la France », comme on a pu le lui reprocher. A écouter de plus près l’émission, d’ailleurs, Danièle Obono n’a pas refusé de dire « Vive la France » mais a simplement demandé « pourquoi, en soi ? »
Oui, pourquoi ? Telle est la véritable question. Parce que Danièle Obono est noire, qu’elle est née à Libreville au Gabon et qu’elle roule pour Jean-Luc Mélenchon ? Il y a certainement un peu de tout ça. Car on n’a jamais obligé Noël Mamère ou Eva Joly, eux aussi signataires de la pétition « Nique la France », à dire « Vive la France ». On n’a jamais demandé à Alain Finkielkraut, qui estimait en 2005 dans le journal israélien Haaretz que la France « mérite notre haine », de dire son amour pour la France lorsqu’il est entré à l’Académie française. On n’a pas demandé à François Fillon, lorsqu’il remerciait Renaud de son soutien, de se désolidariser des paroles du chanteur pour qui « la Marseillaise, même en reggae, ça m’a toujours fait dégueuler ». Il est donc aujourd’hui logique qu’on s’interroge sur les véritables raisons qui ont poussé les présentateurs des « Grandes Gueules » à s’en prendre ainsi à Danièle Obono.