dimanche 14 décembre 2025
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La population du Bangladesh de plus en plus hostile vis-à-vis des Rohingyas

« Au départ, en tant que membres de la communauté musulmane, nous les avons aidés », raconte Riazul Haque. Cet ouvrier qui habite près de la ville frontalière d’Ukhiya, dans le district de Cox’s Bazar (sud-est du Bangladesh), a permis à une soixantaine de familles de s’établir sur un lopin de terre lui appartenant, pensant qu’elles allaient rester deux ou trois mois maximum.

« Aujourd’hui, on a l’impression que les Rohingyas encore établis en Birmanie vont bientôt arriver au Bangladesh », s’inquiète-t-il.

Ukhiya comptait environ 300.000 habitants, mais l’arrivée massive de réfugiés, à partir d’août 2017, a plus que triplé la population.

La plupart des réfugiés sont logés dans le camp tentaculaire de Kutupalong. D’autres, qui disposent de davantage de ressources, ont tenté de se faire une place dans la société bangladaise.

Pollution et criminalité en hausse, perte d’emplois: les locaux les accusent de tous les maux.

« Ils nous volent les petits boulots en soudoyant les forces de l’ordre », assure Mohammad Sojol, qui a perdu son emploi de conducteur de pousse-pousse car, selon lui, les propriétaires des véhicules préfèrent désormais embaucher des réfugiés contre un salaire inférieur, même si ces derniers ne sont officiellement pas autorisés à travailler.

A la suite de protestations, certains Rohingyas qui s’étaient installés en dehors des camps officiels sont maintenant obligés d’y retourner et leurs enfants sont expulsés des écoles locales.

Gangs de la drogue

Les Rohingyas, une minorité ethnique musulmane, ont fui les exactions – qualifiées de « génocide » par des enquêteurs de l’ONU – de l’armée birmane et de milices bouddhistes.

Seule une poignée d’entre eux sont rentrés, craignant pour leur sécurité dans un pays où ils se voient refuser la citoyenneté et sont traités comme des clandestins.

Le fait que ces réfugiés soient « inactifs dans les camps (les rend) instables », estime Ikbal Hossain, chef intérimaire de la police du district de Cox’s Bazar.

« Ils reçoivent toutes sortes d’aides, mais ils ont beaucoup de temps libre », relève-t-il, ajoutant que beaucoup sont tombés entre les mains de trafiquants de drogue.

Des dizaines de millions de comprimés de méthamphétamine (yaba) entrent depuis la Birmanie, un des premiers producteurs au monde de cette drogue de synthèse, au Bangladesh via les camps.

Et les trafiquants utilisent les Rohingyas comme mules, chargées d’acheminer les stupéfiants dans les villes voisines.

Au moins 13 Rohingyas, soupçonnés de transporter des milliers de yaba, ont été abattus au cours d’affrontements avec la police.

Et la présence des gangs de la drogue dans les camps a renforcé l’insécurité et les violences, incitant le Bangladesh à accroître la présence policière.

Selon la police, le taux de criminalité est ici supérieur aux statistiques nationales du pays, qui enregistre quelque 3.000 meurtres par an pour 168 millions d’habitants.

318 plaintes au pénal ont été déposées contre des Rohingyas depuis août 2017, dont 31 pour meurtres, d’après Ikbal Hossain. Mais selon des experts, le nombre de crimes dans les camps serait bien supérieur aux chiffres de la police.

« Nous ne nous sentons pas en sécurité la nuit, mais je ne peux pas quitter ma maison, sinon le reste de mes terres sera également occupé par des réfugiés », déplore Rabeya Begum, une femme au foyer vivant dans le hameau de Madhurchhara, à proximité du camp de Kutupalong.

Mohib Ullah, un responsable de la communauté rohingya, réfute entretenir de mauvaises relations avec la population locale. « Nous nous entraidons car nous sommes voisins (…) Nous ferions la même chose pour eux ».

Quelque 3.500 Rohingyas ont été autorisés à rentrer du Bangladesh en Birmanie à compter de jeudi, s’ils le souhaitent.

En novembre 2018, une précédente tentative de placer quelque 2.200 d’entre eux sur une liste de rapatriement avait échoué, les réfugiés, sans garantie de sécurité en Birmanie, refusant de quitter les camps.

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