Dimanche dernier, les Français ont vaincu le Front National. Mais ils n’ont pas mis fin pour autant aux discriminations. Lors du second tour de l’élection présidentielle, plusieurs femmes voilées ont été prises à partie, voire humiliées pour certaines. C’est le cas de Naïma, une électrice de 57 ans à Orange, dont France Bleu Vaucluse raconte l’histoire. Après l’avoir regardée « avec un air bizarre », le président de son bureau de vote lui demande : « Madame, vous enlevez votre voile, c’est la loi, sinon vous ne votez pas. » Pour information, la femme porte un foulard, qui ne lui couvre donc pas le visage. Rien ne l’interdit dans la loi. Naïma décide donc, ce mardi, de porter. Lors du premier tour déjà, dans plusieurs villes de France — Paris, Plaisir et Nice, mais peut-être bien plus —, des femmes voilées avaient été empêchées de voter. Contrairement à Naïma, l’électrice de Plaisir avait refusé d’enlever son voile et le président du bureau de vote lui avait donc, dit-elle, refusé le droit de voter.
Mais ce n’est pas tout. Dimanche, Hanan était assesseur pour le second tour de l’élection présidentielle. Sur Twitter, une anonyme qui a pour habitude de dénoncer tous ceux qui, de près ou de loin, ont des relations avec le CCIF a affiché Hanan en suggérant que le port du voile pour un assesseur n’était pas « conforme au principe de laïcité. »
Bonjour @williamdelannoy , une femme assesseur voilée , est ce conforme au principe de #laïcité ? pic.twitter.com/nmuASCvoS5
— A.Charb (@ADPCharb) May 8, 2017
Encore une fois, rien n’interdit à un assesseur de porter un signe religieux, pas même le foulard. Qu’importe, le mal est fait : le tweet a été repris plusieurs centaines de fois et l’utilisatrice de ce compte n’a pas hésité à assumer : « Il y a des lois : soit on les applique, soit on les change si nécessaire après un vote, mais on ne fait pas ‘comme on veut’ », a-t-elle asséné, sans certainement avoir lu une seule fois les textes de loi à ce sujet. Des méthodes qui ne sont pas sans rappeler les méthodes du Printemps Républicain dont un des membres fondateurs, Amine El Khatmi, n’avait pas hésité à jeter un pâture une élue voilée. Ou encore celles du FN. A Toul, Billy Winkens, candidat FN aux législatives, a dénoncé Nouzha, suppléante dans un des bureaux de vote, qui portait elle aussi un foulard en estimant que les assesseurs « ne doivent porter aucun signe religieux ostentatoire. »