Le prince saoudien Mohammed Ben Salman voyait déjà Alain Juppé à l’Elysée. Au vu des sondages, il devra probablement se contenter de François Fillon. La victoire de l’ancien Premier ministre à la primaire de la droite et du centre change cependant beaucoup de choses. Alors qu’Alain Juppé aurait probablement accepté de rencontrer le souverain saoudien, François Fillon, lui, a préféré le faire attendre. Le candidat des Républicains à la présidence de la République n’a en effet pas daigné recevoir le prince Mohammed Ben Salman, ministre de la Défense et vice-prince héritier du royaume, malgré la demande des autorités saoudiennes. Le prince était en visite privée dans la capitale, il sera finalement reparti bredouille de Paris.
Plutôt l’Iran que l’Arabie Saoudite
Le ticket obtenu par François Fillon lors de la primaire de la droite et du centre ne fait pas les affaires de l’Arabie Saoudite. Comme Bruno Le Maire, l’ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy a choisi, s’il est élu, de changer la donne diplomatique en ayant une politique internationale moins tournée vers les pays du Golfe. En janvier 2015 déjà, François Fillon affirmait qu’« un certain nombre de pays du Golfe financent le terrorisme » et demandait de« mettre au pied du mur ceux qui ont un langage équivoque. » François Fillon « adopte une posture dure vis-à-vis des pays du Golfe, notamment de l’Arabie saoudite et semble plus enclin à discuter avec les Iraniens que le gouvernement actuel », déclarait il y a peu un ancien ambassadeur à Challenges.
Un camouflet pour l’Arabie Saoudite, qui cherche inexorablement des soutiens en cette période économiquement délicate. Un camouflet également plus personnel pour Mohammed Ben Salman, qui cherche à se faire un prénom. François Fillon, hostile au financement étranger des mosquées, semble déterminé à ne pas se laisser amadouer par le Golfe. Une posture en phase avec son discours et bien éloignée de celle de son ancien président Nicolas Sarkozy. Fillon semble fermer la porte à la dictature wahhabite dans laquelle, les femmes n’ont pas le droit de conduire. Du côté du prince Mohammed Ben Salman, après avoir eu l’Elysée à ses pieds pendant plusieurs années, la situation semble s’inverser. De quoi isoler définitivement le royaume wahhabite sur la scène internationale ? Réponse en 2017.