« Les terroristes sont musulmans et tous les musulmans sont terroristes. » C’est en ces termes que le patron d’un restaurant de Tremblay-en-France avait demandé à deux de ses clientes voilées de quitter son établissement. La scène s’était déroulée l’été dernier, et les deux femmes musulmanes avaient alors filmé cette scène surréaliste. « On ne veut pas être servies par des racistes, Monsieur ! », avait asséné au gérant du restaurant l’une des clientes victimes. Ce à quoi celui-ci avait rétorqué : « Les racistes mettent pas des bombes et ne tuent pas des gens, les racistes comme moi ! » « Des gens comme vous, j’en veux pas chez moi, point barre », avait continué le restaurateur.
S’en était alors suivi une véritable bataille des idées sur internet. La majorité des personnes avait évidemment été choquée par cette scène, tandis qu’une trop grande partie de la fachosphère criait au coup monté par le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Sauf que les paroles du restaurateur étaient bien réelles, alors que la France vivait au rythme des polémiques sur le burkini. Le patron de l’établissement avait fini par s’excuser : « J’ai pété un câble, avait-il dit au micro de BFMTV. Je tiens à m’excuser devant les caméras de mes paroles qui ont dépassé mes pensées. » Mais le CCIF a, à l’époque, décidé de ne pas en rester là. Les excuses faites « à toute la communauté musulmane » n’effacent par les paroles très fortes du restaurateur, et le collectif contre l’islamophobie a finalement porté l’affaire devant la justice. Demain, jeudi, le gérant du Cénacle comparaîtra devant le tribunal de grande instance de Bobigny pour « discrimination dans la fourniture d’un service en raison de l’appartenance à une religion dans un lieu accueillant du public. » Un procès, selon le CCIF, qui « déterminera si oui ou non nous acceptons de banaliser l’islamophobie dans notre société. » « Si aujourd’hui il est jugé ‘provocant’ de vouloir fêter ses retrouvailles dans un restaurant de gastronomie française simplement parce que les clientes viennent revêtues d’un foulard, ce serait la validation pure et simple des discours racistes et xénophobes véhiculés dans les milieux d’extrême droite », conclut le CCIF.