Ivan Rioufol est un habitué des phrases choc. L’éditorialiste du Figaro, qui nous avait donné une interview, est un adepte de la théorie de la guerre civile en France, à laquelle il a consacré un livre. Mais vendredi, le journaliste a dérapé en utilisant une statistique du rapport de l’Institut Montaigne : il a en effet indiqué sur CNEWS que « 27 % des Français se réclament au bout du compte de l’idéologie de l’Etat islamique et 50 % des jeunes musulmans en cité. » Problème : Ivan Rioufol utilise là deux raccourcis. Le premier sur l’interprétation. En effet, le rapport parle de musulmans ayant « une pratique religieuse rigoriste » et ne mentionne jamais Daesh. Le second sur les chiffres. Car quand Ivan Rioufol parle de 50 % des jeunes musulmans en cité, il se trompe là aussi puisque le rapport indique qu’un quart des musulmans « ont une pratique religieuse rigoriste, dont près de 50 % des jeunes. » Pas besoin d’être prix Nobel de mathématiques pour comprendre où se situe l’erreur.
Ivan Rioufol plaide la « liberté de commentaire »
Interrogé par l’AFP, l’éditorialiste signe et persiste : « Dire que 50 % des jeunes musulmans ont une pratique de l’Islam ‘rigoriste’ et ‘ont adopté un système de valeurs clairement opposé aux valeurs de la République’ est un fait relevé dans cette étude », estime Ivan Rioufol, qui assure que « rapprocher cela de l’idéologie de l’Etat islamique qui applique la charia relève de ma liberté de commentaire. » Le journaliste succède à Nicolas Sarkozy, Robert Ménard ou encore Marion Maréchal-Le Pen qui, tous les trois, avaient effectué un même raccourci et ce, malgré les appels à la prudence d’Hakim El Karoui, auteur du rapport dans lequel le mot « charia » n’est d’ailleurs utilisé qu’une fois pour parler des règles religieuses d’un groupe qui « accepte la laïcité » sans sourciller, selon l’institut Montaigne. Le CSA a en tout cas été saisi des propos d’Ivan Rioufol. L’instance de régulation de l’audiovisuel pourrait bien mettre en demeure l’éditorialiste ou même la chaîne CNEWS si elle estime que ces derniers ont franchi la ligne rouge de la liberté d’expression.