200 000 euros. Voilà la somme que chaque plaignant avait, en 2015, obtenu. Les Chibanis, ce sont ces cheminots principalement marocains qui avaient été embauchés par la SNCF avec un statut précaire. Plus de 800 anciens de la société de chemins de fer avaient fait condamner la SNCF pour discrimination. La compagnie avait alors été jugée coupable de discrimination et écopé d’une lourde peine, devant verser 170 millions d’euros de dommages et intérêts aux anciens employés. Le jugement du conseil des Prud’hommes de Paris est finalement remis en cause par la société, qui a fait appel. Pendant deux jours à partir de ce lundi, la SNCF va à nouveau plaider sa cause devant les tribunaux. Les Chibanis, eux, espèrent que le jugement sera confirmé. Leur avocat a décidé, suite à l’appel de la SNCF, d’augmenter le calcul des dommages et intérêts demandés.
Mais l’argent n’est pas l’unique motivation des Chibanis, qui veulent une condamnation de la SNCF pour le symbole. Ils espèrent ainsi une reconnaissance du « préjudice moral » subi par les agents d’origine marocaine pour la plupart. La SNCF, elle, assure avoir « toujours traité de la même manière ses salariés, quelle que soit leur origine ou nationalité » et plaide « les valeurs de l’entreprise ». Pourtant, les faits prouvent le contraire : les contrats signés par les 2 000 Chibanis à leur arrivée en France sont très différents de ceux signés par les salariés lambda. En effet, ces employés pas comme les autres ont vu « leurs carrières bloquées » et ont eu « des retraites moindres » que leurs collègues, pour faire « exactement les mêmes tâches », indiquent les avocats. En effet, bien que retraités dès l’âge de 55 ans, les Chibanis ont dû vivre avec 1 100 euros par mois, disent-ils. La SNCF conteste ce chiffre. Ce sera au conseil des Prud’hommes de trancher.