Lundi dernier, des Dominicains défilaient dans les rues de Pedernales, une petite ville à la frontière avec Haïti. Leurs revendications ? Exiger le départ immédiat des immigrés haïtien. Une requête qui arrive après que trois ressortissants haïtiens ont, selon les habitants de Pedernales, commis un double meurtre d’agriculteurs dominicains.
La situation est de plus en plus tendue : plusieurs centaines d’Haïtiens ont même décidé de passer de l’autre côté de la frontière pour éviter une vendetta. Renforts militaires et policiers ont été envoyés par les autorités du pays.
La racisme n’est pas nouveau concernant les Haïtiens. Il touche même des Dominicains pour certains considérés comme apatrides car nés de parents haïtiens. Selon Amnesty International, 500 000 travailleurs haïtiens sans papiers vivraient en République dominicaine. Pour certains, ils sont là depuis 20, 30 ou 40 ans. Une partie d’entre eux sont même nés en République dominicaine.
Sauf que la Cour Suprême dominicaine considère ces personnes d’origine haïtienne comme étant « en transit » et toute personne née après 1929 peut donc être expulsée vers Haïti. La police n’hésite pas à séparer des familles, voire à expulser des personnes d’origine haïtienne ayant pourtant des papiers dominicains.
Pour le directeur du service jésuite aux migrants, Jean-Robert Déry, la vie des ces personnes « est en République dominicaine, donc quand le calme reviendra, ils retourneront en République dominicaine. Mais le racisme est toujours là dans leur quotidien. » L’homme assure à RFI qu’« il y aura toujours des confrontations entre les Haïtiens et les Dominicains en République dominicaine. Parce que parfois ils veulent ‘dominicaniser’ la République dominicaine, ce qui veut dire non seulement sans les Noirs mais seulement les Dominicains qui sont nés de parents dominicains. Ils renvoient en Haïti des Dominicains noirs. Le simple fait d’être noir fait de nous une cible en République dominicaine. »