Ilhan Omar et Rashida Tlaib étaient pressenties depuis plusieurs mois comme les futures et premières femmes de confession musulmane à être élue au Congrès américain. C’est désormais chose faite, depuis leur victoire hier aux élections de mi-mandat.
Ilhan Omar, 36 ans, est américano-somalienne. Elle a été élue dans le Minnesota et prend la place de Keith Ellison, qui a lui même été le premier élu noir et musulman au Congrès.
La jeune femme est arrivée aux États-Unis à l’âge de 14 ans, après avoir fui la guerre civile en Somalie. Elle est ensuite devenue une militante de l’organisation de défense des droits civiques NAACP. Très active et engagée dans la vie locale de Minneapolis, elle a été élue en 2016 au Parlement de cet Etat.
« Je suis musulmane et je suis noire (…) et j’ai décidé d’être candidate parce que je voulais montrer ce qu’est une démocratie représentative », expliquait-elle en septembre au magazine Elle.
Lors de sa campagne, Ilhan Omar a notamment mis l’accent sur l’accès à des soins de santé universels, des collèges gratuits et une réforme du système judiciaire.
Rashida Tlaib, elle, est une Américaine d’origine palestinienne, l’ainée d’une famille de 14 enfants. A 42 ans, elle a été élue dans une circonscription du Michigan, et succède à John Conyers, accusé de harcèlement sexuel.
En 2008 elle avait déjà remporté un siège à la législature du Michigan. En 2016, elle avait interpellé Donald Trump en campagne sur son traitement des femmes.
Cette avocate a porté un programme progressiste durant sa campagne en soutenant la création d’un salaire minimum de 15 dollars par heure ou un accès universel à la santé.
« Je suis candidate à cause des injustices et parce que mes garçons s’interrogent sur leur identité » de musulmans, avait t-elle déclaré à la chaîne ABC il y a quelques mois.
L’élection de ces deux femmes musulmanes survient alors que les sentiments antimusulmans sont exacerbés depuis l’élection de Donald Trump à la présidence.
Une étude publiée la semaine dernière par la New America Foundation et l’American Muslim Institution révèle qu’environ deux Américains sur cinq pensent que l’islam est incompatible avec les valeurs américaines et que les musulmans ne sont pas aussi patriotes que les autres citoyens.
Une rhétorique anti-musulmane qui se serait construite à travers les médias mais aussi à travers les discours des hommes politiques. Un autre récent rapport, publié par l’organisation Muslim Advocates, a montré que plus de 80 candidats politiques ont fait campagne avec un programme anti-musulmans, en 2017 et 2018.