Les élections régionales, ce dimanche 6 décembre, ont dessiné le paysage politique de ces prochaines années, avec un Front national de plus en plus solide. Le parti de Marine Le Pen est en effet arrivé premier au niveau national, avec à peu près 28 % des suffrages exprimés. Avec, comme pour chaque élection, un grand gagnant : l’abstention. Il faut dire que la campagne des régionales s’est généralement focalisée sur les thèmes habituels – insécurité, immigration et Islam, entre autres – en occultant les vrais problèmes de fond. Rien de bien neuf sous le ciel français.
Rien de neuf, ou presque. Car le scrutin régional aura au moins permis de voir un nouveau parti porter la voix des musulmans de France. L’Union des démocrates musulmans français (UDMF) a, certes, eu du mal à recruter des candidats. Mais lors de la campagne pour les régionales, il a été l’uns des seules formations à parler impôts et précarités. Nizarr Bourchada, son fondateur, prévenait notamment avec les élections qu’il « est urgent de changer cette politique qui subventionne avec nos impôts les banques et les grandes entreprises du CAC 40. » Un programme résolument tourné à gauche.
« Réconcilier éthique et politique »
Ce parti – dont nous nous étions déjà fait l’écho lorsqu’il avait été attaqué par NKM – ne verse pas dans le communautarisme. Mais à la différence des autres formations, l’UDMF ne met pas sous le tapis tous les sujets qui touchent à l’Islam. La filière halal peut rapporter, en termes d’emplois et de bénéfices ? L’Union des démocrates musulmans français veut s’en servir pour relancer l’activité dans le pays, en s’appuyant notamment sur l’exemple de Doux, qui produit de la volaille exportée vers l’Arabie saoudite notamment. La finance islamique peut rapporter gros ? L’UDMF veut la promouvoir, elle et ses idées sociales – interdiction de la spéculation et partage des profits et pertes –.
Là où les partis classiques – et inefficaces à en juger par le choix des Français – stigmatisent tout un secteur d’activité sous prétexte qu’il correspond à une mouvance religieuse, l’UDMF montre que l’on peut être républicains et tirer profit de ces économies nouvelles, sans oublier de parler d’entreprenariat, de culture, d’agriculture ou encore d’éducation. Ce parti sait que les formations historiques courent à leur perte et il a « l’ambition de réconcilier éthique et politique. » Et dans le programme de l’UDMF, on retrouve une série de mesures réfléchies.
Objectif : les législatives de 2017
Le succès ne s’est d’ailleurs pas fait attendre. Avec plus de 12 500 voix en Île-de-France, Nizarr Bourchada n’a, certes, pas pesé à côté des cadors. Mais avec un budget de 7 000 euros pour les frais de campagne, seuls 200 000 bulletins de vote avaient pu être imprimés. Seules les 15 plus grandes villes des régions ont d’ailleurs été alimentées en bulletins. Mais l’objectif de l’UDMF, ce sont les législatives de 2017. « L’idée était de marquer symboliquement notre présence et nous allons grandir », explique le candidat parisien.
Régionales : pourquoi un parti des musulmans se présente-t-il en Ile-de-France ? (ici)