jeudi 31 octobre 2024
12.8 C
Paris

Une « taxe halal » proposée par NKM : bonne ou mauvaise idée ?

Dans une interview réalisée ce matin, Nathalie Kosciusko-Morizet, des Républicains, a proposé l’idée de taxer la nourriture halal pour financer « l’Islam en France. » Bonne ou mauvaise idée ?

C’est souvent dans les vieux pots – des autres – que les politiques font les meilleures confitures. Alors que l’idée d’une « taxe halal » avait été avancée par le Conseil français du culte musulman (CFCM) il y a déjà six mois, Nathalie Kosciusko-Morizet vient de se réapproprier l’idée. Il faut dire qu’à quelques jours des élections régionales, pourquoi s’embarrasser à rappeler que cette initiative n’est pas la sienne ? La membre des Républicains a estimé qu’il « y a des mesures simples à prendre » pour financer « un islam de France. »

Une taxe de 1 % sur le halal

« Vous avez un marché du halal, c’est 6 milliards d’euros par an. Pourquoi est-ce qu’on ne lève pas une taxe sur le marché du halal ? », a demandé l’ancienne candidate à la mairie de Paris qui propose que cette taxe représente 1 % des ventes. Cette mesure permettrait donc de récupérer, estime-t-elle, 60 millions d’euros, qui seraient alors reversés à la Fondation des œuvres de l’Islam de France. Pourquoi elle plutôt qu’une autre ? Car elle est une fondation visant à « lever des financements alternatifs aux financements étrangers. »

Les Républicains obsédés par le halal ?

L’idée n’est pas mauvaise. Elle permettrait en effet de rendre plus transparent le marché du halal. Aujourd’hui, plusieurs associations labellisent les produits issus de l’abattage rituel sans qu’on sache forcément où vont les bénéfices. La certification déséquilibre également le paysage des lieux de culte : certaines mosquées – comme celles de Lyon, Paris ou Evry, qui ont l’agrément de l’Etat – engrangent des bénéfices quand d’autres – Bordeaux Lille, ou Marseille, entre autres – ne profitent pas de ce business de plusieurs millions d’euros.

Un marché trop opaque pour une simple taxe

Mais proposer de taxer les produits halal, c’est peut-être aujourd’hui prendre le problème à l’envers. Si Nathalie Kosciusko-Morizet estime que cela permettrait « un financement national, assis sur une base légitime », elle omet de dire qu’il faut avant tout réformer ce marché du halal. Aujourd’hui, les labellisateurs n’ont pas forcément de légitimité : certains sont autorisés par l’Etat, d’autres s’autoproclament ainsi sans être interdits par les autorités. Chacun d’entre eux y va de son cahier des charges. L’opacité est totale pour le consommateur et l’Etat laisse faire tout en s’immisçant timidement dans ce secteur sans réellement le connaître.

Surtout, une taxe existe déjà sur les produits halal. « Par kilo de viande, la certification halal coûte entre 10 à 15 centimes d’euros », expliquait au Parisien le recteur de la Grande Mosquée de Lyon en 2010. Si la taxe proposée par le CFCM – rendons à César ce qui est à César – devait incomber au consommateur, se nourrir de façon licite au Coran deviendrait un luxe. Surtout, l’idée de NKM de se servir de cette taxe pour financer l’islam serait inégalitaire vis-à-vis des autres religions : la France doit repenser sa politique globale de laïcité et ne pas se cantonner à accepter le financement des églises tout en se cachant derrière une taxe agroalimentaire pour financer indirectement l’Islam.

Actualités en direct

Pourquoi de nombreux musulmans hautement qualifiés choisissent-ils de quitter la France ?

L'étude "La France, tu l’aimes mais tu la quittes"...

Chems-Eddine Hafiz et la mosquée de Paris en plein « doute »

La Grande mosquée de Paris attend la Nuit du doute pour annoncer la date de l'Aïd. L'objectif n'est pas d'observer la Lune mais de s'aligner sur certains pays. Un procédé qui sème la zizanie.

Gaza : la censure de la vérité

La philosophe américaine Judith Butler ne participera pas aux conférences auxquelles elle était invitée, au centre Pompidou, après avoir rappelé que le Hamas était un mouvement de résistance.

Averroès et la solidarité des musulmans de France

En difficulté financière après la rupture de son contrat avec l'Etat, le lycée Averroès a obtenu plusieurs centaines de milliers d'euros de dons.

L’Allemagne récidive, après la Shoah

Le Nicaragua accuse l'Allemagne, devant la Cour internationale de justice, de faciliter le génocide perpétré par Israël à Gaza.

Les brèves

Chems-Eddine Hafiz et la mosquée de Paris en plein « doute »

La Grande mosquée de Paris attend la Nuit du doute pour annoncer la date de l'Aïd. L'objectif n'est pas d'observer la Lune mais de s'aligner sur certains pays. Un procédé qui sème la zizanie.

Gaza : la censure de la vérité

La philosophe américaine Judith Butler ne participera pas aux conférences auxquelles elle était invitée, au centre Pompidou, après avoir rappelé que le Hamas était un mouvement de résistance.

Averroès et la solidarité des musulmans de France

En difficulté financière après la rupture de son contrat avec l'Etat, le lycée Averroès a obtenu plusieurs centaines de milliers d'euros de dons.

L’Allemagne récidive, après la Shoah

Le Nicaragua accuse l'Allemagne, devant la Cour internationale de justice, de faciliter le génocide perpétré par Israël à Gaza.

Israël : la fin de l’impunité ?

Des juges britanniques demandent au Premier ministre Sunak de stopper la vente d'armes à Israël et lui suggèrent de sanctionner les responsables israéliens.

Espagne : vers la reconnaissance de l’Etat palestinien

Le gouvernement espagnol veut reconnaître l'Etat palestinien avant l'été. L'annonce est prévue pour le 9 juin.

Sur fond de génocide en Palestine, l’iftar de la Maison-Blanche annulé

Les invités de l'iftar de la Maison-Blanche ont refusé de rompre le jeûne avec le président Biden qui doit, selon eux, revoir sa position sur Israël.
Quitter la version mobile