jeudi 31 octobre 2024
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Quand le roi d’Arabie Saoudite se paie des représentants de l’« Islam de France »

En février, Emmanuel Macron annonçait son intention de réformer le culte musulman en France. Dans l’œil du cyclone, le CFCM, menacé de disparition lors de la campagne de 2017. Le président de la République reproche notamment au Conseil français du culte musulman le mode de nomination au sein de l’instance et déplore l’influence des pays étrangers : de certaines pays du Maghreb — Algérie et Maroc en tête — mais également du Qatar et de l’Arabie Saoudite. « Le CFCM s’est dit prêt à des changements d’envergure », indiquait la presse il y a deux mois.

Invités par le roi d’Arabie Saoudite

Mais ça, c’était avant. Car le vice-président du CFCM, Anouar Kbibech, et le président Ahmet Ogras ont récemment foulé le sol saoudien pour effectuer une omra, le « petit pèlerinage. » Jusque là, rien de choquant, c’est un rituel pratiqué par de nombreux musulmans. Ahmet Ogras est par ailleurs gérant d’une agence de voyages à Paris. Sauf que sur son compte Facebook, Anouar Kbibech indique qu’il fait partie « des invités du roi d’Arabie Saoudite ».

S’il se dit « très heureux et très honoré » de ce geste, Anouar Kbibech joue là le jeu de séduction du royaume wahhabite, actuellement en pleine opération de réhabilitation. Le prince héritier a réussi à se mettre dans la poche les Etats-Unis puis la France lors de deux voyages rondement menés.

« Que ce soit le Qatar ou l’Arabie Saoudite, on est preneur, on ne fait pas la fine bouche »

Etait-il judicieux pour les deux responsables de la branche officielle de l’« Islam de France » de se rendre en Arabie Saoudite à un moment où plusieurs pays européens tentent de se défaire du financement wahhabite ? Le vice-président du CFCM n’a jamais semblé réfractaire à l’idée de profiter de la manne saoudienne. En juillet 2015, alors qu’il venait d’être nommé président du Conseil, Anouar Kbibech annonçait la couleur, expliquant que, si l’organisation musulmane ne peut officiellement pas toucher de fonds venant de l’étranger, il était possible de contourner les statuts du CFCM : « Que ce soit le Qatar ou l’Arabie Saoudite, on est preneur, on ne fait pas la fine bouche. Mais que les choses soient claires : on recherchera des financements pour réaliser des projets (…) mais pas pour le fonctionnement du CFCM qui ne peut être financé par l’étranger. »

« Cela n’a rien à voir avec le CFCM »

A l’époque, Anouar Kbibech annonçait alors en grande pompe qu’il ferait « le tour de l’ensemble des pays de l’Organisation de coopération islamique », tout en précisant que « l’indépendance, pour nous, est fondamentale. » Une indépendance mise à mal par cette invitation saoudienne. Et l’on comprend mieux le silence du CFCM sur la guerre qui se déroule actuellement au Yémen. En interne, on a beau préciser que « cela n’a rien à voir avec le CFCM » et que les invitations ont été lancées à titre personnel et non au nom de l’organisation musulmane, les accointances avec l’Arabie Saoudite montrent qu’il y a encore beaucoup de chemin pour libérer les musulmans français du joug wahhabite.

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