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Comment le wahhabisme a été financé par l’Occident pour « se débarrasser du communisme »

Le prince saoudien Mohammed ben Salmane, alias MBS, était récemment en visite à Paris, pour « un nouveau partenariat avec la France. » Depuis plusieurs mois, il affiche sa volonté de promouvoir un Islam de « modération » et tente de séduire l’Europe. 

Le wahhabisme ? MBS feint toujours d’ignorer ce terme et la propagation de cette idéologie en Occident. Selon lui, comme il l’assure dans une longue interview datée du 2 avril pour The Atlantic « notre projet est basé sur les gens, sur les intérêts économiques, et non sur les intérêts idéologiques expansionnistes. » 

Et alors que le journaliste Jeffrey Goldberg lui demande : « N’est-il pas vrai qu’après 1979, mais avant 1979 également, les factions les plus conservatrices en Arabie Saoudite prenaient l’argent du pétrole et l’utilisaient pour exporter une version plus intolérante et extrémiste de l’islam, l’idéologie wahhabite, qui pourrait être compris comme une sorte d’idéologie de compagnon à la pensée des Frères musulmans ? »

Celui-ci répond : « Tout d’abord, ce wahhabisme, veuillez le définir pour nous. Nous ne le connaissons pas (…) Personne ne peut définir le wahhabisme. Il n’y a pas de wahhabisme. » 

« Nous avons travaillé avec qui nous pouvions utiliser pour nous débarrasser du communisme »

Le journaliste insiste et lui demande de s’exprimer sur le financement des extrémistes. MBS remonte alors au temps de la guerre froide et déclare : 

« Le communisme s’est répandu partout, menaçant les Etats-Unis et l’Europe et nous aussi. L’Egypte s’était tournée vers ce type de régime. Nous avons travaillé avec qui nous pouvions utiliser pour nous débarrasser du communisme. Parmi ceux-ci, il y avait les Frères musulmans. Nous les avons financés en Arabie Saoudite. Et les Etats-Unis d’Amérique les ont financés. (…) Si on remontait dans le temps, on ferait la même chose. Nous utiliserions à nouveau ces personnes. Parce que nous étions confrontés à un plus grand danger : se débarrasser du communisme ». 

Quelles que soit l’implication ou les motivations de l’Occident, il semble en tout cas difficile de faire machine arrière et de se « débarrasser » du wahhabisme en Europe, comme le rappelle un récent article du site belge le Vif, qui évoque le cas de la grande mosquée de Bruxelles, rachetée aux Saoudiens.

« Retirer les clés de la grande mosquée à l’Arabie saoudite, il fallait symboliquement le faire pour signifier que non, on n’accepte pas cette version de l’Islam », explique à l’AFP l’islamologue belge Michaël Privot.

« Mais on peut fermer cette mosquée, tout le reste est toujours là: les maisons d’édition, les sites web, les canaux de télévision », ajoute-t-il.

« A aucun moment je n’ai entendu MBS dire qu’il allait mettre fin aux transferts d’argent »

« A aucun moment je n’ai entendu MBS dire qu’il allait mettre fin aux transferts d’argent d’opérateurs privés ou d’oeuvres de charité soutenant ces versions rétrogrades de l’islam. Cela va donc continuer », souligne t-il également. 

En France, moins de 4 millions d’euros ont été versés entre 2010 et 2016 pour participer au financement de huit mosquées, et les salaires d’une quinzaine d’imams, selon les informations du média belge. L’influence saoudienne n’est donc pas là où on l’attend. 

La bataille idéologique se joue en réalité surtout sur les réseaux sociaux, la télévision et les universités islamiques saoudiennes, « dont les gouvernements occidentaux se méfient désormais », comme le rappelle le Vif. 

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