Prince héritier, troisième monarque de la dynastie alaouite, le roi du Maroc Mohammed VI est aussi le Commandeur des croyants. Son objectif : prôner un Islam de paix et de tolérance. Et jusqu’à maintenant, il joue sa partition à la perfection.
Depuis qu’il est roi du Maroc, Mohammed VI a enchaîné les décisions pour que le royaume reste paisible, loin de l’Islam radical de l’Etat islamique. En Septembre 2015, et à l’occasion de la visite du président Français François Hollande, les deux pays ont signé une déclaration conjointe relative à la coopération en matière de formation d’Imams à l’institut Mohammed VI dans le but de tendre vers un « Islam du juste milieu. » Pour M6, l’Islam au Maroc sera conforme aux valeurs d’ouverture et de tolérance. Même la France a commencé à former ses imams au Maroc : cinquante d’entre eux vont suivre un cycle de formation de trois mois à l’institut qui porte le nom du souverain du Maroc.
Pas de politique pour les imams
En interdisant toute activité politique et syndicale aux imams, le chef du royaume chérifien renforce son contrôle sur les lieux de cultes pour éviter toute forme de radicalisation. C’est par décret qu’«il est interdit aux préposés religieux d’exercer toute activité politique ou syndicale, ou même de prendre une position à caractère politique ou syndical. » Les imams sont, en outre, « tenus de respecter les principes de l’école malékite, de la doctrine acharite, les constantes de la nation et tout ce qui est d’usage au Maroc. » Mohammed VI veut atténuer le poids électoral du PJD (Parti de la justice et du développement, ndlr), lutter contre le jihadisme et contrer les fatwas extrémistes. Pour ce faire, il a décidé de mettre les moyens.
Mais pas question pour autant d’abandonner la culture musulmane marocaine. Le royaume « reste fidèle à ses appartenances arabe et islamique », martèle le souverain, qui rappelle qu’il s’est « engagé dans les coalitions arabes de lutte contre le terrorisme. » Le roi Mohammed VI veut façonner l’Islam à son image, mais il ne succombera pas aux sirènes de l’Occident. « Ne permets à personne venu d’ailleurs de te donner des leçons sur ta religion », explique en substance le roi. M6 est le « Commandeur des croyants » et compte bien le rester. « Il est inconcevable pour, moi de combattre l’Islam. Nous avons besoin de combattre la violence et I’ignorance », résume-t-il.
Et maintenant le halal
Et au-delà du spirituel, Mohammed VI veut également que le Maroc soit un acteur économique important sur le continent. Le royaume l’a compris : en mettant la main sur le halal, il étendra son influence en Afrique, mais aussi dans le monde. Objectif : toucher une partie des 1,8 milliard de consommateurs de halal dans le monde. Mohammed VI, conscient de l’ampleur de ce marché appelle les entreprises marocaines à saisir cette opportunité économique. Officiellement reconnu par le Jakim, l’autorité qui certifie le halal en Malaisie, en janvier 2015, l’Imanor, l’institut de normalisation marocain, a obtenu le sésame pour une entrée dans la cour des grands.