Vendredi soir dans la mosquée Essalam de Rotterdam, le prêche a laissé place à un grand débat consacré à la place de l’Islam dans le pays. Dans la première grande ville européenne dirigée par un maire musulman, Ahmed Aboutaleb, les citoyens ont pu échanger avec les candidats aux législatives, qui auront lieu mercredi. Non présent, le député Geert Wilders est toujours crédité de très bons résultats — il terminerait deuxième — lors de ce scrutin grâce notamment à un discours anti-Islam. Si la réunion à la mosquée a pris un tournant politique, l’imam Azzedine Karrat n’a pas voulu appeler à voter pour qui que ce soit mais a simplement exhorté ses fidèles à aller aux urnes mercredi : « Nous devons protéger nos droits et nos libertés dans notre société et il faut saisir cette chance le 15 mars pour parler de l’Islam et dire aux gens, aux candidats, aux partis politiques : ‘Nous, les musulmans, nous sommes ici, nous faisons partie de cette société et vous devez nous accepter.’ »
Le maire de Rotterdam appelle les musulmans à agir
Ce sont près de quatre-cents personnes qui se sont présentées à la mosquée Essalam pour parler des législatives. Les musulmans ont bien évidemment montré les craintes qui sont les leurs si Geert Wilders venait à devenir Premier ministre. Ce dernier a en effet promis, s’il remportait les élections, de fermer les mosquées, mais également d’interdire la vente du Coran et de fermer les frontières aux immigrés musulmans. Un Trump en puissance qui fait peur, mais il n’est pas le seul. Car l’Islam est, comme en France, au cœur de tous les débat. Le maire de Rotterdam a appelé la communauté musulmane à agir et se faire entendre. « Je vois aussi trop de musulmans qui s’isolent, qui vont se mettre dans un coin et pensent : ‘Cela passera’, mais cela ne passe pas parce que tu es un spectateur, tu es assis à l’arrière », a expliqué Ahmed Aboutaleb. Pendant qu’un candidat du parti Denk regrettait que « 40 % des Turco et Maroco-Néerlandais » ne se sentent plus chez eux à cause des discours politiques anti-Islam.