Interrogés avant et après l’attentat de la mosquée de Québec, les Canadiens donnent, dans un sondage, leur sentiment à l’égard des musulmans. Après la fusillade du 29 janvier, la plupart des habitant du Canada éprouvent davantage de compassion à l’endroit de la communauté musulmane. Ils sont en effet 83 % dans ce cas. Mais derrière cet « humanisme », comme le définit le président de la société de sondages CROP, Alain Giguère, de nombreux préjugés existent encore. Et malgré cette compassion, l’islamophobie grandit lentement mais sûrement outre-Atlantique. Notamment lorsque l’on sait qu’un Canadien sur deux ne serait pas dérangé « que de tels événements découragent les musulmans de venir s’installer » dans son pays. Une réponse « malheureuse », selon Alain Giguère, qui admet que, « ce que ça dit, c’est que le Québec serait peut-être moins menacé s’il y en avait moins (de musulmans) qui venaient. »
Ils sont d’ailleurs six Canadiens sur dix à estimer que « tous les accommodements religieux que les musulmans demandent montrent qu’ils ne veulent pas vraiment s’intégrer. » Selon le patron de l’institut CROP, « une proportion importante des Québécois associe la religion musulmane, les musulmans et leurs rites à une menace. » En février, des portes ouvertes avaient pourtant été organisées dans les mosquées québécoises pour éviter les amalgames. Mais rien n’y fait, les préjugés sont tenaces. Si bien que, toujours d’après ce sondage relayé par Radio-Canada, 57 % des Canadiens sont défavorables à la construction de mosquées. « Je ne sais pas quel genre d’initiative sociale on pourrait mettre en place afin d’accroître l’explication du public pour qu’il voit davantage l’être humain derrière le symbole quand il regarde un musulman. Enfin, on n’est pas partis pour ça à court terme », déplore Alain Giguère.