La victoire n’est que locale, mais elle est plus que symbolique. Notamment parce que l’Uttar Pradesh est l’Etat le plus peuplé de l’Inde. Dans cette province du nord, les musulmans représentent 18 % de la population. Une minorité qui observe, la peur au ventre, la victoire nette et sans bavure du Bharatiya Janata Party (BJP), le Parti du peuple indien. Composée de nationalistes hindous, cette formation a raflé 40 % des voix lors des élections régionales et s’octroie donc les trois-quarts des 403 sièges de l’assemblée régionale. Un score historique. Et si ce succès des nationalistes hindous fait peur, c’est parce que l’année 1992 est toujours dans la tête des musulmans de l’Uttar Pradesh : en décembre de cette année-là, des membres du BJP et du RSS, un autre groupe nationaliste hindou, avaient détruit la Mosquée de Bâbur à Ayodhya. Les violences entre hindous et musulmans avaient alors fait plus de 2 000 morts, principalement des musulmans, de Bombay à Delhi.
Le BJP pointe du doigt la communauté musulmane indienne
Depuis, les tensions se sont légèrement apaisées, mais les relations entre musulmans et hindous ne sont pas pour autant au beau fixe. La victoire du parti du Premier ministre Narendra Modi montre que le discours antimusulmans a bien fonctionné. En février, lors d’un meeting, le Premier ministre avait notamment pointé du doigt de supposées faveurs faites aux musulmans : « Si l’électricité est assurée sans interruption pour le ramadan, alors elle devrait l’être aussi pour Diwali », un festival hindou, avait-il dit à la tribune. Parti populiste, le BJP a réussi à séduire les plus basses castes composées de petits paysans, de petits commerçants et d’artisans. Les musulmans, eux, ont tenté de s’opposer tant bien que mal à la vague populiste. Mais leur vote a été divisé entre les différents candidats d’opposition. Il ne reste qu’à espérer que le Bharatiya Janata Party n’appliquera pas une politique hostile aux plus de 36 millions de musulmans de cet Etat.