Ce 9 mars, la « charte régionale des valeurs de la République et de la laïcité » a été adoptée par le Conseil régional d’Île-de-France. Après la décision d’appliquer la « clause Molière » dans la région, cette charte fait elle aussi débat. L’objectif de ce document est notamment de conditionner les subventions des associations à certains principes comme l’égalité homme-femme ou la neutralité religieuse. « Face à la menace des replis communautaires qui remettent en cause les valeurs de la République, nous voulons que l’Île-de-France soit une région exemplaire. Ce texte réaffirme un certain nombre de principes, comme la neutralité de l’espace public et l’égalité entre les hommes et les femmes », indique ainsi Valérie Pécresse, la présidente de région. Outre les associations, la charte s’appliquera donc aux agents publics.
Un document qui ne règle aucun problème
Sauf que ce document reste plutôt vague. Et c’est en partie ce que dénonce l’opposition. « Ce document ne règle aucun problème. Au contraire, il ouvre des débats dangereux et joue avec le feu dans cette période complexe qu’est l’élection présidentielle », indique ainsi Mounir Satouri, président du groupe écologiste au Parisien. Le Front de gauche dénonce, de son côté, une « vision orientée de la laïcité » et estime que cette charte est un « document dangereux qui dévoie la loi de 1905. » Pour les Verts d’ailleurs, le texte « met au jour le choix délibéré de l’exécutif d’évincer systématiquement le sujet de la liberté religieuse et d’effacer par là toutes garanties de la libre expression par les usagers de leurs convictions religieuses, syndicales, politiques, philosophiques. »
L’utilisation de la charte pourrait provoquer des abus de pouvoir
Les opposants au document estiment également qu’il a été rédigé trop rapidement, sans prendre le temps de la concertation. Du coup, cette charte représente une sorte de loi de 2004 — encadrant le port des signes religieux à l’école — étendue à tous les espaces gérés par la région, dénonce le Front de gauche. Pour les socialistes, une question se pose : « Pourquoi ne pas prendre le temps, rencontrer des spécialistes, des agents de la région et trouver un texte qui recueille l’unanimité ? » Le groupe PS regrette que « ce texte ne donne aucune réponse, ni aucun outil aux agents de la région qui vont se retrouver face à des situations complexes. » En effet, des agents pourront brandir la charte de la laïcité pour interdire toute manifestation religieuse. C’est bien là le principal risque.