La Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et la Ligue des droits de l’Homme (LDH) portent plainte contre la société française Amesys. Que lui reprochent-elles ? D’avoir aidé le régime d’Abdel Fattah Al-Sissi dans la traque des opposants en fournissant à l’Egypte un système d’écoute.
L’affaire n’est pas sans rappeler le rôle de Lafarge dans le financement de Daesh. Sauf qu’Amesys n’en serait pas, si l’accusation était avérée, à son coup d’essai : Amesys — qui s’appelle désormais Nexa Technologies — avait été accusée d’avoir vendu un programme à la Libye de Mouammar Kadhafi pour, là aussi, traquer des opposants au régime. L’entreprise lui avait vendu son programme Eagle qui, d’après sa brochure de présentation, est « un système massif conçu pour répondre aux besoins d’interception et de surveillance à l’échelle d’un pays, capable d’agréger tout type d’informations et d’analyser en temps réel, un flux de données à l’échelle nationale. »
De 2007 à 2011 cette technologie avait servi à mettre sous surveillance l’accès à internet des libyens et à traquer les opposants du régime. Cette complicité n’a dérangé personne au sein de l’entreprise jusqu’à ce que l’affaire éclate au grand jour. Pour faire amende honorable, le système Eagle a été cédé… à un haut dirigeant de l’entreprise, lui-même architecte du système. En 2014, selon une enquête de Télérama, deux anciens dirigeants d’Amesys avaient vendu pour 10 millions d’euros le système d’écoute. L’objectif était de « lutter — officiellement — contre les Frères musulmans », écrivait alors le journaliste.
La méthode utilisée pour l’Egypte serait similaire : du matériel de surveillance a été fourni aux autorités égyptiennes et la FIDH et la LDH dénoncent donc la « participation » d’Amesys aux « opérations de répression menées par le régime al-Sissi, via la vente de matériel de surveillance. » Les deux ONG souhaitent « que la justice française ouvre le plus rapidement possible une enquête sur des faits de complicité de torture et disparitions forcées pour pouvoir ensuite auditionner d’éventuelles victimes égyptiennes. »