Mohamed Saou, ex-référent d’En Marche! Val d’Oise, et Marwan Muhammad, directeur du CCIF, ont un point commun. Ils ont tous les deux, lors de la semaine qui vient de s’écouler, été accusés d’être des proches des Frères musulmans. Sans aucune preuve, sans aucun argument convaincant, on a donc collé sur le dos de ces deux hommes l’étiquette « Frère musulman. » L’accusation est aussi imparable que passe-partout. Elle permet à un interlocuteur, dans un débat, de rompre totalement le dialogue. Benoît Hamon, Alain Juppé, Tariq Ramadan, Clémentine Autain ou encore Edwy Plenel en ont souvent fait l’amère expérience. Une scène qui s’est reproduite samedi soir, dans « Salut les Terriens ! », l’émission de Thierry Ardisson. La journaliste Sonia Mabrouk a, sur le plateau de l’homme en noir, exhorté Marwan Muhammad, qui dirige le Collectif contre l’islamophobie en France, à prouver qu’il n’avait « aucun lien avec les Frères musulmans. »
Pourquoi cela n’a aucun sens ? En termes juridiques, cette accusation n’a pas de fondement. Une maxime latine, « necessitas probandi incumbit ei qui agit », indique en résumé que, selon la règle générale en matière de droit, la nécessité de la preuve incombe à celui qui se plaint. Autrement dit, comment prouver que l’on n’a aucun lien avec une organisation si, effectivement, c’est le cas ? Cela semble totalement impossible. Si Marwan Muhammad avait, par exemple, accusé Sonia Mabrouk d’avoir été très proche du régime de l’ancien dictateur tunisien Ben Ali, et lui avait demandé de prouver le contraire, la journaliste aurait été bien incapable de répondre. C’est aujourd’hui à Sonia Mabrouk de prouver ses accusations. Selon la charte des journalistes français de 1918, le journaliste doit considérer la calomnie, les accusations sans preuves, la déformation des faits et le mensonge comme « les plus graves fautes professionnelles. »