Sachez-le : partager un tweet du CCIF, être fan de Benzema ou soutenir Erdogan en Turquie après la tentative de coup d’Etat peut coûter cher. Référent départemental d’En Marche! Val d’Oise, le mouvement d’Emmanuel Macron, Mohamed Saou en a fait l’amère expérience. Dénoncé par Barbara Lefebvre lors de « L’émission politique » et par Céline Pina, idéologue bien connue notamment du côté du Printemps Républicain, le professeur d’histoire-géographie du Val-d’Oise a été écarté de son poste le temps de la campagne, « mis en retrait » selon les termes de l’équipe d’En Marche! Céline Pina a notamment accusé le professeur d’être « islamisto-servile. » Barbara Lefebvre, soutien de François Fillon, a de son côté estimé que Mohamed Saou était « tout à fait proche des idées des Indigènes de la République et du refoulé colonial. » Mais c’est un article de JForum, le « portail juif francophone », qui a lancé la chasse à l’homme contre le soutien de Macron. « Mohamed Saou, cadre d’En Marche ! ou du CCIF ? », titrait le site.
La « révolution démocratique », vraiment ?
Mohamed Saou, à Libération, explique que ses publications Facebook « sont les positions d’un citoyen français, républicain. Et musulman, oui. » Le quotidien rappelle d’ailleurs que le professeur n’a jamais publié aucun post qui tomberait sous le coup de la loi. Mais tout ce que dit Mohamed Saou « n’est évidemment pas compatible avec les valeurs » d’En Marche!, selon Aurore Bergé, soutien d’Emmanuel Macron qu’elle a rallié après avoir soutenu Alain Juppé. Aujourd’hui, Mohamed Saou ne comprend pas pourquoi il a été écarté. Il y a, dit-il, « clairement une injustice. » « Le stratégique a pris le dessus sur l’humain », déplore-t-il. En Marche! a sorti son seul référent maghrébin du mouvement, ajoute le paria. De quoi considérablement se mettre à dos de nombreux électeurs, qui ont lancé le hashtag #LesMusulmansBoycottentMacron sur Twitter. En Marche! affirme, sur les réseaux sociaux, prôner la « révolution démocratique. » Oui, mais à condition d’être Charlie, de ne pas donner son avis sur le football ou la politique internationale et de ne partager aucune idée similaire au CCIF, donc.