Ils n’étaient « que » 200 en 2010 ; ils représenteraient désormais près de 2000 aujourd’hui. Selon un rapport publié par la Police de sécurité suédoise (Säpo), le nombre d’islamistes radicaux décrits comme « violents » a connu une augmentation exponentielle en à peine sept ans. Pire : ce contingent constitue les deux tiers de l’ensemble des personnes catégorisées « extrémistes violents » par les services de sécurité suédois. « Nous parlons de quelque 3000 personnes, dont 2000 sont des islamistes extrémistes radicalisés », a ainsi confié Anders Thornberg, le chef de la Säpo, interviewé par le Göteborgs-Posten, l’un des quotidiens de référence du pays. La majorité du reste – soit entre 600 et 700 individus – seraient composés de profils néo-nazis et d’extrémistes de gauche. Un constat qui a amené le responsable sécuritaire, et dans le sillage de son rapport, la Suède tout entière, à se questionner sur les motivations de ces radicalisés et, davantage encore, sur la manière de contrecarrer cette menace grandissante.
Les djihadistes suédois repentis protégés par un changement d’identité
Car il s’agit d’une véritable claque dans la figure d’un pays réputé pour son pacifisme et les relations sociales empreintes de confiance et de tolérance, à l’instar du reste des pays scandinaves. « Nous devons analyser leur contexte pour déterminer quelques actions mener en priorité et définir les menaces les plus concrètes », a souligné Thornberg, qui lâche par ailleurs que ses services reçoivent chaque mois quelque 6000 renseignements relatifs à l’extrémisme. Un chiffre qui ne dépassait guère les 2000 il y a tout juste cinq ans… « Il est important que chacun, en Suède, prenne ses responsabilités pour mettre un terme à cette évolution », exhorte le directeur, « avant de ne subir une attaque ou un acte de violence indésirable ». Le pays a pourtant déjà basculé du côté des cibles du terrorisme : le 7 avril dernier, un attentat au camion-bélier sur la Drottninggatan, une grande artère piétonne de Stockholm, avait fait 5 morts et 14 blessés. Et son auteur, qui avait réussi à s’échapper, est toujours en cavale. Ce contexte de tensions et de méfiance s’accompagne, comme c’est souvent le cas, par une montée de l’islamophobie et de la xénophobie. Ce même Anders Thornberg avait auparavant blâmé les autorités pour sa « politique d’immigration de masse ». « Nous avions jusqu’à présent des radicalisés d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et de Somalie, sans lien entre eux. Mais la propagande de l’Etat islamique a unifié ces communautés », explique-t-il. Sans compter les quelque 300 Suédois qui ont rejoint les rangs de Daesh en Syrie et en Irak ; certains sont déjà rentrés et se sont vus attribués une nouvelle identité « protégée », une mesure réservée habituellement aux personnes menacées de mort. Malgré tout, la tolérance suédoise a encore de beaux jours devant elle.