Le grand Stéphane Mallarmé ouvrait son poème « Brise Marine », par ce vers désespéré : « La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres ».
La chair triste c’est la chair sans l’amour, celle de la dysphorie post-coïtale, celle d’une économie pulsionnelle sans cesse en faillite, mais sans cesse renouvelée.
Si l’on sait quelque chose de l’affaire Ramadan avec certitude, c’est qu’il a menti. Il a menti sur ses aventures extraconjugales, sur ce qu’il convient bien d’appeler son érotomanie. Cela ne fait aucunement de lui un violeur, mais cela fait de lui un infidèle. Un infidèle à sa femme, à sa famille, à ses mots, à ses admirateurs et finalement à ses croyances.
Mais comment cet homme, ce guide spirituel, cette pauvre créature, pouvait-il faire autre chose que mentir? Comment lui, Ramadan, pouvait-il être un infidèle ?
Ramadan incarnait publiquement une sorte de surhomme, par son intelligence, son courage et sa rectitude morale. Un surhomme éthéré sans sexe, une sorte de curé. On le rêvait Jésus et il n’était que DSK… La dissociation, pour lui comme pour nous, est trop forte, insurmontable. À l’épreuve de sa chair, Ramadan ne pouvait que mentir. Or, ces obligatoires mensonges initiaux apparaissent aujourd’hui malheureusement comme le motif essentiel de son maintien en détention.