Alors que, dixit Donald Trump, « les Etats-Unis entendent rester un partenaire inébranlable de l’Arabie saoudite », quelques pays européens ont décidé de se montrer plus virulents vis-à-vis du royaume wahhabite. Après l’Allemagne, qui a suspendu ses ventes d’armes en direction de l’Arabie saoudite et annoncé l’interdiction de territoire de dix-huit ressortissants saoudiens impliqués dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, la France a elle aussi haussé le ton.
Le Quai d’Orsay a en effet indiqué jeudi l’interdiction de territoire de ces mêmes personnes. « Ces mesures, décidées par le ministère de l’Intérieur, visent à interdire l’accès de ces individus au territoire national ainsi qu’à l’ensemble de l’espace Schengen », a indiqué le ministère des Affaires étrangères. Rien de très surprenant : le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, avait précisé que les sanctions par Berlin avaient fait l’objet d’une « coordination étroite » avec la France et le Royaume-Uni.
Mais la France, en revanche et contrairement à son voisin allemand, ne parle pas de suspension des ventes d’armes vers le royaume saoudien. Même si les mesures annoncées par Paris sont « susceptibles d’être revues ou étendues en fonction de l’avancée des investigations en cours. » L’Arabie saoudite a passé 11 milliards d’euros de commandes d’armes à la France en neuf ans. Mais « tant que cela ne sera pas parfaitement établi et tant que ces faits (concernant la mort de Khashoggi) ne seront pas corroborés par nos services de renseignement, nous retiendrons nos décisions », a indiqué Paris.
Ce sera maintenant au tour de l’Europe de faire un geste fort. La responsable de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, indique que les responsables du meurtre du journaliste saoudien doivent « rendre des comptes. » Mais l’Arabie saoudite menace d’ores et déjà : accuser le prince héritier d’être le commanditaire de l’assassinat serait, selon Riyad, un dépassement de la « ligne rouge. »