Bild, le quotidien allemand au plus gros tirage, a publié le 6 février dernier un article relatant une série d’agressions sexuelles et de vols perpétrés la nuit du Nouvel An, à Francfort, par 50 réfugiés arabes. Problème : l’information est totalement fausse. Il n’empêche : l’article a eu un énorme retentissement outre-Rhin, faisant écho aux incidents survenus tout juste un an plus tôt à Cologne. Cet article avait été rédigé sur la base de faux témoignages et a été rapidement relayé par la presse et les réseaux sociaux – et notamment, sans surprise, par la fachosphère allemande et européenne. La fameuse « sex mob » dans une rue commerçante de Francfort (Fressgass) qu’a relaté Bildne dispose « d’aucun fondement », ont confirmé mercredi les services de police.
L’une des témoins… était à l’étranger !
Pour cet article, des journalistes de Bild avaient interrogé deux soi-disant témoins des agressions : le premier, Jan Mai, est un restaurateur bien connu de la rue Fressgass, et le second, Irina, une femme de 27 ans. L’homme a affirmé que des « dizaines d’arabes » sont entrés dans son local, ont volé les clients et ont commencé à « tripoter » les femmes présentes. « Ils m’ont touchée à l’entrejambe, à la poitrine et ailleurs », a confié pour sa part la femme au tabloïd. Or, selon les commentaires de la police, « l’une des victimes supposées n’était même pas à Francfort ce soir-là (…), les accusations n’ont aucun fondement ». De fait, un employé d’un bar voisin du restaurant de Jan Mai a assuré au quotidien Frankfurter Allgemeine que cette nuit du Nouvel An s’est déroulée de manière « absolument paisible ». Ce même quotidien a par ailleurs indiqué que le restaurateur a publié sur sa page Facebook des commentaires favorables à l’extrême droite et critiques à l’égard d’Angela Merkel. Et à la date du 31 décembre, la page d’Irina confirme bien qu’elle était à l’étranger. Si l’article a été retiré du site, le directeur de la publication, Julian Reichelt, s’est fendu d’un mea culpa minimaliste sur Twitter, demandant « pardon pour notre travail » et qu’il en tirera « des conséquences ».