L’Algérie est secouée depuis le 22 février par un mouvement inédit de contestation du régime — appelé Hirak — qui a entraîné la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril et réclame désormais le départ du « système ».
Directrice d’Amnesty en Algérie, Hassina Oussedik dénonce une « recrudescence » ces dernières semaines « du nombre d’arrestations arbitraires de militants, journalistes, avocats, étudiants ou simples citoyens, en violation flagrante des droits garantis par la Constitution ».
Jeudi matin, Abdelouahab Fersaoui, président du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), une association citoyenne, a été arrêté lors d’un rassemblement de soutien aux personnes placées en détention dans le cadre du Hirak, a indiqué à l’AFP le secrétaire général de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme Me Moumen Khelil.
« Abdelouahab Fersaoui a contacté sa famille pour dire qu’il était retenu dans un commissariat sans préciser lequel. Les avocats cherchent toujours à le contacter », a déclaré en fin d’après-midi M. Khelil à l’AFP.
Cinq militants du RAJ, arrêtés vendredi après la dispersion de la grande manifestation hebdomadaire, ont été placés dimanche en détention provisoire, y rejoignant d’autres membres de cette association en pointe dans le « Hirak ».
Ces cinq militants sont accusés d' »atteinte à l’intégrité du territoire » pour des publications sur Facebook, selon M. Fersaoui.
A deux mois d’une présidentielle exigée par le pouvoir et l’armée mais rejetée par la rue, les arrestations de partisans du « Hirak » se sont multipliées ces dernières semaines, sur fond de crispation des positions des deux camps.
Le haut commandement militaire, détenteur du pouvoir réel depuis la démission d’Abdelaziz Bouteflika, affirme que la présidentielle prévue le 12 décembre est la seule façon de sortir de la crise, alors que la contestation estime que le scrutin ne vise qu’à permettre la perpétuation du « système » au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962.
A la veille du 34e vendredi consécutif de manifestation contre le régime, Amnesty appelle les autorités à ne pas « briser le rêve et l’espoir des Algériennes et Algériens qui revendiquent pacifiquement et fraternellement un État de droit et des droits humains ».
L’ONG demande aussi la libération de ceux arrêtés pour « avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, d’association ou de réunion pacifique ».