Le détenu le plus célèbre d’Egypte est désormais un homme libre. Hosni Moubarak, le président qui a dirigé sans partage l’Egypte durant trente ans, a quitté ce matin l’hôpital militaire dans lequel il a passé la majeure partie de six années de détention. Confirmée en fin de matinée par son avocat, l’information était attendue : l’ex-dictateur avait été absous par une haute cour pour les charges relatives à sa responsabilité dans la mort de manifestants lors des révoltes populaires de 2011, qui ont duré une vingtaine de jours et qui avaient justement mené à sa destitution. Et à l’engagement – au final, éphémère – de l’Egypte dans un processus de transition démocratique. Le bilan était pourtant très lourd : près de 850 protestataires avaient trouvé la mort suite aux affrontements avec les forces de sécurité. Et Moubarak avait fait face à une condamnation à la prison à perpétuité en 2012. Une sentence à laquelle il a réchappé grâce à la décision d’une cour d’appel de refaire le procès, qui a alors abandonné les charges deux ans plus tard.
Série de procès… sans conséquences
L’acquittement de l’ex-chef de l’Etat ayant été prononcé le 2 mars dernier, la date de sa libération effective n’était plus qu’une question de jours. Même un jugement de trois ans de prison, prononcé à son encontre et à celle de ses deux fils pour corruption, avait été annulé par une cour d’appel en janvier 2016. Ajoutées à l’accession d’Abdel Fattah al-Sissi à la présidence du pays en juillet 2013 à la faveur d’un coup d’Etat contre le premier président démocratiquement élu – l’islamiste Mohamed Morsi -, et au musellement des organisations de la société civile et de journalistes indépendants, ces décisions de justice accréditent la thèse d’un retour à la dictature militaire. Et ce n’est pas une énième enquête pour corruption ordonnée hier contre l’ancien détenu – pour avoir reçu des cadeaux du journal d’Etat Al Ahram – qui modifiera son issue, connue d’avance…