Il y a un mois, le Dalaï Lama appelait Aung San Suu Kyi à « réduire les écarts » entre les différentes communautés birmanes, notamment entre les bouddhistes — majoritaires dans le pays — et les musulmans. Ces derniers sont persécutés depuis de nombreuses années par des extrémistes bouddhistes, emmenés par Ashin Wirathu, surnommé le « Hitler birman », mais aussi par l’armée. La communauté internationale s’inquiète forcément de la situation de la communauté rohingya. Et espérait bien un geste de la part d’Aung San Suu Kyi, chef du gouvernement, qui fut lauréate du prix Nobel de la Paix. Mais qu’attendre d’une femme qui demande de ne « pas exagérer les problèmes de ce pays », alors même qu’un rapport de l’université de Yale affirmait qu’un « génocide » était en cours contre les musulmans ? La situation inquiète également les voisins de la Birmanie.
« A quoi sert son prix Nobel ? »
Le chef du gouvernement malaisien a en effet posé une question presque logique : « A quoi sert son prix Nobel à Aung San Suu Kyi ? » Lors d’un bain de foule à Kuala Lumpur, le Premier ministre malaisien Najib Razak n’a pas mâché ses mots contre le prix Nobel de la Paix 1991, l’accusant notamment de « passivité. » « Nous disons à Aung San Suu Kyi que c’en est assez. Nous défendrons les musulmans et l’Islam », a-t-il ajouté. Le dirigeant malaisien a appelé, au nom de tous les pays musulmans du monde, l’Organisation des Nations unies à agir : « L’Organisation de la coopération islamique doit agir. (…) Que l’ONU fasse quelque chose. La communauté internationale ne peut pas assister passivement à un génocide », a-t-il dit. Car le bilan est effroyable : l’organisation internationale estime que 30 000 personnes ont été déplacées par les violences qui touchent les Rohingya depuis octobre, tandis que l’UNHCR, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, parle de « nettoyage ethnique. » Et tout le monde espère que le prix Nobel de la Paix se réveillera à temps pour éviter que la situation n’empire.