vendredi 22 novembre 2024
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Les Rohingya, minorité la plus persécutée au monde

Bordée par la mer d’Andaman et s’offrant au golfe du Bengale, la Birmanie est, côté recto, un véritable décor de carte postale. Mais au verso de cette carte postale, la réalité est moins idyllique : les Rohingya sont victimes d’un nettoyage ethnique, dans le silence général.

Ah, le bouddhisme… Religion de paix et d’amour. Et pourtant, même chez les bouddhistes, l’extrémisme fait des ravages. C’est le cas dans l’Etat d’Arakan, qui n’a d’Etat que le nom. Car il s’agit bien d’une région administrative de la Birmanie — appelée Rakhine par le régime birman —. Comme ailleurs dans le pays, l’Etat d’Arakan est majoritairement bouddhiste. Sauf les Rohingya, les musulmans. Après deux siècles de persécutions, ces descendants lointains de commerçants et de soldats arabes sont présents sur ces terres depuis le XVe siècle. Aujourd’hui, l’islamophobie en Birmanie est plus qu’un mot : les Rohingya sont persécutés par le régime. Ils sont d’ailleurs, d’après les différents rapports de l’Organisation des Nations unies, le peuple le plus persécuté du monde. Et ce, malgré l’ouverture du pays à la démocratie…

L’origine de cette persécution remonte au soutien apporté par les Rohingya à l’armée britannique, que ce soit lors de la guerre de 1824 ou en 1948, lorsque la Birmanie déclare son indépendance. Entre 1962 et 2012, ce peuple aura connu la pire des répressions, avec une volonté de la part des autorités : « birmaniser » ces musulmans. Une croisade notamment menée, ces dernier temps, par un moine bouddhiste islamophobe : Wirathu, surnommé « le nouvel Hitler birman. » Lui préfère se définir comme « le Ben Laden de Birmanie. » Entre prêches religieux et politiques, Wirathu semble intouchable. Il distille une haine tellement forte que ni Aung San Suu Kyi, ni les différents régimes militaires n’ont aussi s’élever contre lui. Et après tout, Wirathu est plutôt un allié des autorités, à écouter son discours de près : « Ce que je veux, c’est protéger l’intérêt de la nation contre l’islamisation », dit-il.

Les Rohingya privés de tous leurs droits

Un discours de haine qui surfe sur la peur de l’Islam : « On ne peut pas faire confiance aux musulmans. Ils ne font pas de politique pour participer au bien général, ils veulent le faire pour prendre le contrôle du pays sournoisement », ose le moine nationaliste, qui utilise un langage de Résistant. L’homme parle en effet de « résistance » contre la « menace » islamique. Et ce sont plus que des mots qu’il lance : en 2013, à Meiktila, « au moins 44 personnes ont été tuées et 1 400 entreprises et foyers appartenant majoritairement à des musulmans ont été détruits », signale l’ONU dans son rapport sur le pays. Avec la complicité d’un régime qui se cache les yeux : « Les forces de police birmanes ne sont pas intervenues au cours de la plupart de ces violences et, dans la majorité des cas, n’ont pas agi pour protéger la vie des musulmans ou leurs biens ; dans certains cas, ils ont activement participé aux violences à l’encontre des musulmans », résume l’ONU. Près de 140 000 personnes ont été transférées dans des camps de déplacés construits autour de Sittwe, la capitale d’Arakan.

Conséquence : suite aux violences de Meiktila, « plus de 12 000 personnes ont été déplacées. » Dans un autre rapport, de Human Rights Watch (HRW) cette fois, l’ONG est désabusée : « Tout ce qu’on peut faire, c’est prier », écrit-elle. HRW accuse le gouvernement birman de se livrer à une campagne de « nettoyage ethnique » contre les musulmans. Il faut effectivement se rappeler que les Rohingya n’ont ni le droit de voter, ni celui de se présenter à une élection. Tenir une boutique leur est interdit, tout comme l’accès aux soins, le mariage avec des bouddhistes. Tout cela dans l’indifférence de la communauté internationale. Les Rohingyas ne figurent pas dans la liste officielle des 135 ethnies reconnues par le gouvernement. Seul le dalaï-lama a fait un minuscule geste en envoyant une lettre ouverte à Aung San Suu Kyi pour condamner l’islamophobie des moines. Une Aung San Suu Kyi qui ne semble pas inquiète outre mesure de la situation.

 

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