En septembre dernier, Aung San Suu Kyi tentait de rassurer la communauté internationale et le Bangladesh voisin en se disant « prête » à organiser le retour des Rohingyas sur son sol. Le prix Nobel de la Paix 1991 s’était ensuite déplacée dans l’Etat de Rakhine pour une opération de communication savamment orchestrée.
Le 2 octobre 2017, autorités birmanes et bangladaises se sont rencontrées pour évoquer un retour des Rohingyas au Myanmar. Pour soulager le Bangladesh, tout d’abord, qui a toujours estimé que l’afflux d’exilés était pour le pays « un fardeau. » Pour envoyer un signal fort à la communauté internationale également : le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a estimé que le massacre de Rohingyas avait été « organisé et planifié » par les autorités birmanes.
Aucun droit garanti aux Rohingyas à leur retour en Birmanie
En ce début d’année — mais pas avant le mois de février, le Bangladesh et la Birmanie ont décidé de commencer le rapatriement des Rohingyas vers l’Etat de Rakhine. Ils seraient 655 000 à avoir fui les violences et l’épuration ethnique organisée par l’armée depuis la fin du mois d’août. Au total, environ un million de réfugiés seraient parqués dans des camps à la frontière du Bangladesh.
Bangladesh et Birmanie se seraient mis d’accord sur un document que devront remplir les exilés. Un document qui doit servir à prouver que les demandeurs vivaient bien en Birmanie avant de se retrouver au Bangladesh. Sauf que, au Myanmar, les Rohingyas sont considérés comme apatrides. Ils n’ont accès ni à l’éducation, ni à la santé et n’ont pas la possibilité de se marier civilement.
Les Rohingyas craignent pour leur sécurité
Et quand bien même les exilés pourraient revenir en Birmanie, ils seraient une nouvelle fois parqués dans des camps : la Birmanie compte en construire cinq dans l’Etat de Rakhine. Les Rohingyas devront donc, s’ils souhaitent revenir en Birmanie, accepter de vivre dans des camps et aucune garantie de sécurité ne leur a été faite. Sans droits et sans savoir si l’armée peut encore s’en prendre à eux, de nombreux exilés ont d’ores et déjà refusé de remplir le document proposé.
Pour le porte-parole du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés, « le rythme du retour doit être dicté par les réfugiés eux-mêmes » et « il est très important de leur demander ce qu’ils veulent. Et jusqu’ici ils disaient ne vouloir rentrer que si les choses changeaient. »