Des manifestations de nationalistes bouddhistes ont eu lieu en Birmanie, pour protester contre la volonté du gouvernement de rebaptiser les Rohingya « communautés musulmanes en l’Etat Rakhine. »
« Un Bengali reste un Bengali, Rakhine est Rakhine ! » La réaction des nationalistes bouddhistes à la décision du gouvernement birman de désigner la minorité Rohingya comme « communautés musulmanes en l’Etat Rakhine » ne s’est pas fait attendre. Plusieurs milliers de manifestants, y compris des moines religieux, sont descendus ce dimanche dans les rues de Sittwe, capitale de l’Etat d’Arakan (récemment rebaptisé « Rakhine ») et de 15 autres villes de cet Etat côtier de l’ouest du pays. Cette levée de boucliers conclut une semaine d’exactions, au cours desquelles une école et deux mosquées ont été saccagées et incendiées, à l’encontre d’une minorité historiquement persécutée qui représente moins de 2% des 50 millions de Birmans.
Pas si zen, les bouddhistes
La recrudescence de la persécution anti-Rohingya fait suite à la visite, courant juin, du rapporteur du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme , qui a dénoncé une discrimination institutionnalisée et des actes s’apparentant à des « crimes contre l’humanité » : déni du droit à la citoyenneté – les Rohingya ne sont tout simplement pas comptabilisés parmi les 135 ethnies officiellement recensées par le pays –, enfants privés d’école, violences physiques et sexuelles, travail forcé… Il a ainsi enjoint les autorités birmanes à abandonner les termes « Rohingya » ou « Bengali », discriminatoires, mais aussi « Rakhine », pour les remplacer respectivement par « communauté musulmane en l’Etat Rakhine » et « communauté bouddhiste en l’Etat Rakhine ».
Le statu quo d’Aung San Suu Kyi
Malgré la condamnation onusienne, à laquelle s’ajoute, depuis le 30 juin, la classification par le Congrès américain de la Birmanie dans la liste noire des 26 pays laxistes envers le trafic d’êtres humains et l’esclavage, Aung San Suu Kyi, qui détient désormais les pleins pouvoirs depuis la formation d’un gouvernement civil en avril 2016, ne peut – ou ne veut ? – se défaire du nationalisme birman prégnant et ouvertement discriminant à l’égard des non-bouddhistes.