Voilà qui explique en partie pourquoi l’Eglise n’avait pas officiellement appelé à voter contre Marine Le Pen, malgré les appels de certains évêques à faire barrage au parti d’extrême droite. Car dans l’électorat catholique, une partie conséquente n’a pas hésité à mettre un bulletin de la candidat du FN dans l’urne. Selon plusieurs sondages, Ifop et OpinionWay, le constat est déroutant : 38 % des catholiques ont en effet voté pour Marine Le Pen. Qu’ils soient pratiquants réguliers ou occasionnels, ou non pratiquants, le score de la candidate FN est quasiment le même. Une victoire pour Marine Le Pen, qui là aussi franchit un pallier historique. En 2002, les catholiques n’avaient été que 17 % à voter pour Jean-Marie Le Pen : preuve que l’opération de dédiabolisation entamée par sa fille commence à porter ses fruits.
Qu’est-ce qui a pu amener les catholiques à se diriger, plus nombreux qu’auparavant, vers la candidate du Front National ? Outre les raisons les plus classiques — le fait par exemple qu’Emmanuel Macron ait été ministre de François Hollande —, la mobilisation de Sens Commun et de la Manif pour tous n’y est pas étrangère. Christine Boutin avait, par exemple, appelé clairement à voter Front National. Sans oublier que l’Islam a été un des enjeux de l’élection. Or, Marine Le Pen avait un programme foncièrement tourné contre les musulmans, avec une proposition en cas d’élection d’interdire le port du voile dans le rue. « Nous sous-estimons notre capacité d’influence », expliquait l’abbé Grosjean, responsable des questions politiques, de bioéthique et d’éthique économique pour le diocèse de Versailles, avant le premier tour. Le scrutin de dimanche montre que, effectivement, les milieux catholiques auront désormais leur mot à dire lors des prochaines échéances électorales et que le FN pourra compter sur un socle solide chez les catholiques.