On peut très bien, comme le 11 janvier dernier, faire la cour à l’islamophobe Zineb El Rhazoui autour d’un « thé laïque » et, deux semaines plus tard, dire aux responsables du culte musulman que l’on souhaite avec eux « un dialogue large et constant. » C’est ce qu’on appelle la diplomatie. Invité mercredi à présenter ses vœux au CFCM, Christophe Castaner s’est voulu rassurant : « Prier Allah et aimer la République ne sont pas incompatibles », a-t-il osé. Comme si l’on pouvait encore en douter.
Hier, à la grande mosquée de Paris, aux vœux du CFCM avec qui je veux un dialogue large et constant sur le renforcement de la loi de 1905.
Je souhaite que nous partagions nos points de vue, affirmions nos divergences, pour les surmonter et réussir tous ensemble. pic.twitter.com/Yvax6s2hv9— Christophe Castaner (@CCastaner) 24 janvier 2019
Le ministre de l’Intérieur n’a pas été tendre lors de cet événement, lorsqu’il a affirmé que la situation actuelle de l’« Islam de France » n’était « pas suffisante. » Le ministre de l’Intérieur a expliqué « avoir besoin de représentants (du culte musulman) puissants » et qu’il ne fallait « pas faire l’autruche. » Il reprend ainsi le flambeau de son prédécesseur, Gérard Collomb, qui avait fustigé l’inaction du CFCM lors d’un dîner organisé à l’occasion du ramadan.
C’est un peu cela, les relations entre le CFCM et le place Beauvau : je t’aime, moi non plus. Ahmet Ogras, le président de l’organisation musulmane, a tenu à prévenir : « Certains prédisaient la mort du CFCM. Je les rassure si besoin est, le CFCM est non seulement vivant mais continuera d’œuvrer encore plus efficacement pour servir les musulmans. » Le patron du Conseil français du culte musulman est déterminé à mener à bien sa réforme et à rendre plus représentative une institution qui a, ces dernières années, été marquée par l’immobilisme.
Mais le temps presse : les élections au sein du CFCM approchent et, s’il se félicite « d’une reconnaissance précieuse de l’Etat quant à la qualité d’interlocuteur institutionnel de notre CFCM », Ahmet Ogras manque toujours de soutien : le ministre de l’Intérieur, en ne s’opposant pas à l’AMIF de Hakim El Karoui a en quelque sorte adoubé l’initiative de l’ex-banquier d’affaires. Le CFCM doit également faire face à l’initiative de Marwan Muhammad, qui vient d’annoncer un projet d’« Assemblée des imams ».
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