Après l’interdiction du burkini à Nice, l’été dernier, pour risques de « troubles à l’ordre public », la finance islamique est dans le collimateur de Christian Estrosi. Le maire de Nice a décidé d’interdire à Noorassur, un assureur spécialisé dans les produits islamiques, d’interdire d’afficher son activité, à savoir les mots « finance islamique », sur les murs de son agence niçoise. Là encore, selon Estrosi, l’enseigne « fait peser un risque fort de troubles à l’ordre public. » L’édile ajoute également que cela risquerait de mettre « en danger tant le personnel que les clients de l’établissement confrontés à des rassemblements antagonistes qui ne manqueront pas de se produire dès connaissance de telles enseignes à Nice. » Autrement dit, pour éviter d’être victimes de discriminations, Christian Estrosi prône la discrétion.
Sauf que l’argument est irrecevable. Car en suivant le raisonnement du maire de Nice, il faudrait interdire les boucheries halal et même les mosquées. C’est la première fois que Noorassur est confronté à une telle décision : de Nantes à Bordeaux en passant par Annemasse, jamais on n’avait refusé à l’assureur d’afficher son activité sur ses vitrines. Sonia Mariji, sa fondatrice, a logiquement saisi, il y a deux jours, le tribunal administratif de Nice. « La finance islamique n’est pas incompatible avec la République, je suis un fruit de la République », dit-elle. L’avocat de la femme d’affaires assure par ailleurs que Christian Estrosi, en prenant une telle mesure, véhicule l’idée selon laquelle la finance islamique serait liée au terrorisme islamiste, alors que l’éthique de cette activité se situe aux antipodes de ce qui fonde l’idéologie mortifère du terrorisme. » En effet, la finance islamique interdit les prêts avec intérêts, la spéculation ou encore les investissements dans des produits illicites en Islam comme l’alcool ou les jeux de hasard. La décision de Christian Estrosi devrait, en toute logique, être jugée illégale.