La vérité sur la Légion d’honneur remise au prince héritier d’Arabie saoudite vient de tomber. Le magazine Causette publie un échange de mails à l’Elysée qui fait froid dans le dos…
Le magazine Causette s’est procuré les échanges de mails entre Bertrand Besancenot, ambassadeur de France en Arabie saoudite, David Cvach, conseiller de François Hollande pour le Moyen-Orient, Laurent Stefanini, chef du protocole de l’Elysée, et Jérôme Bonnafont, directeur de la section Afrique du Nord et Moyen-Orient du cabinet de Jean-Marc Ayrault, ministère des Affaires étrangères, concernant la remise de la Légion d’honneur à l’Arabie saoudite. Un échange de mails qui fait suite à la demande faite par le royaume de décorer le prince Mohammad ben Nayef Al Saoud.
France et Arabie saoudite veulent rester discrets vis-à-vis des médias
« Je sais que certains s’interrogent sur l’opportunité de décorer maintenant le prince héritier, peu de temps après la campagne médiatique contre l’Arabie Saoudite en France. Certes, le royaume n’a pas bonne presse, mais je crains que l’amélioration de son image prenne du temps… », écrit dans un premier temps Bertrand Besancenot, lorsqu’il transmet à l’Elysée la demande officielle de l’Arabie saoudite pour se voir décerner la Légion d’honneur. Mais l’ambassadeur demande à la présidence de faire « un geste envers le prochain roi d’Arabie Saoudite. »
Jérôme Bonnafont indique alors à l’ambassadeur français en Arabie saoudite qu’il n’y a « aucune raison de ne pas le faire », mais demande « que ce soit discret vis-à-vis des médias mais sans dissimulation. » Le directeur de cabinet de Jean-Marc Ayrault a d’ailleurs déjà préparé la parade de l’Etat : « Si on nous interroge, on répondra ‘lutte contre Daesh’ et ‘partenariat économique et stratégique’. » C’est là que Jacques Audibert, conseiller diplomatique de François Hollande, aurait alors interrogé le président sur le sujet.
L’Arabie saoudite et les droits de l’Homme
Dans un dernier mail, David Cvach ironise : « On fait, c’est le moment, je suppose, d’acheter des actions MBN », écrit-il. « MBN », c’est l’acronyme du prince Mohammad ben Nayef. Le ministre de l’Intérieur saoudien est en guerre ouverte avec son cousin, le fils du roi Abdullah, le prince Mitaab ben Abdullah, surnommé « MBA », ministre de la Garde nationale. La Légion d’honneur décernée à MBN montre que la France prend position pour le ministre de l’Intérieur. Et les droits de l’Homme en Arabie saoudite, dans tout ça ? Jérôme Bonnafont explique qu’il faut fournir aux médias « des éléments ‘droits de l’Homme’ dans les éléments de langage. » A l’Elysée, on n’a peur de rien !