Nommée à la présidence du Conseil supérieur des programmes en remplacement du géographe Michel Lussault, Souad Ayada était invitée mercredi dernier à une audition à l’Assemblée nationale par la commission des affaires culturelles. Philosophe spécialiste de spiritualité islamique, la présidente du CSP a notamment été invitée à se prononcer sur l’enseignement du fait religieux à l’école. Concernant l’enseignement de l’Islam, Souad Ayada a été critique avec les manuels scolaires.
« Un enseignement qui ne respecte pas les règles de l’histoire critique »
Selon la présidente du Conseil supérieur des programmes, l’enseignement de l’Islam dans les manuels scolaires est « un enseignement qui ne respecte pas les règles de l’histoire critique, les règles de contextualisation, c’est un enseignement dogmatique. » L’agrégée de philosophie s’étonne par exemple que l’« on présente le Prophète de l’Islam sans mettre en perspective le contexte socio-culturel auquel il appartient. » Souad Ayada reproche également que soient inscrites « des choses très étonnantes sur les piliers de l’Islam », ajoutant que « ce n’est pas dans le rôle d’un professeur d’histoire de parler ainsi du fait religieux. »
Que reproche exactement la présidente du CSP aux manuels scolaires ? Souad Ayada dénonce « un enseignement qui sacralise, (…) qui ne me semble pas servir des fins de connaissance historique, mais plutôt à apaiser, flatter, soutenir des choses qui relèvent du vivre-ensemble, mais qui n’est pas articulé au souci de vérité. » Autrement dit, toujours selon Souad Ayada, il faudrait donner une plus grande place à un « enseignement laïque du fait religieux. »
« Les nouveaux programmes mettent en avant la partie civilisationnelle »
Une analyse qui tranche avec la réalité des faits : comme le rappelle Jean-Riad Kechaou dans son blog Politis, « l’Islam en histoire est étudié en cinquième. Les programmes d’histoire au collège qui dataient de 2008 étaient bien équilibrés entre l’islam (la religion) et l’Islam (la civilisation musulmane). » Or, ajoute l’enseignant, « les nouveaux programmes applicables (depuis) la rentrée 2016 réduisent clairement la partie religieuse de cette étude pour mettre en avant la partie civilisationnelle et les contacts des empires musulmans avec les empires chrétiens, carolingien et byzantin. » Une « erreur », selon lui.
La place de l’enseignement de l’Islam a été réduite lors de la réforme du collège. « Il serait fort utile de considérer l’enseignement laïque des religions, notamment de l’Islam comme salutaire », indique Jean-Riad Kechaou, qui conclut qu’« enseigner les croyances religieuses est indispensable car on se rend également rapidement compte de l’inculture religieuse de nos élèves, notamment de nos élèves musulmans. »