Avec les précautions qui s’imposent s’agissant des informations relatives à l’Etat islamique (EI), tout porte à croire que le groupe terroriste souffre de graves problèmes financiers. Selon Hoshyar Zebari, l’ancien ministre irakien des Finances, Daesh serait au bord de la faillite et actuellement à peine capable de payer ses combattants. Quand il était à son apogée, en 2014 et 2015, l’EI bénéficiait des ressources financières et matérielles offertes par la combinaison d’un réseau d’entreprises mafieuses internationales, de la mainmise sur les gisements – et les revenus – pétroliers, et de l’extorsion des fonds des citoyens assujettis dans les zones occupées. Mais aujourd’hui, le groupe djihadiste est engagé dans la pente descendante : avec les revers subis dans ses principaux fiefs – Mossoul en Irak et Alep en Syrie – Daesh perd davantage d’argent qu’il n’en gagne et ne parvient plus à retenir ses combattants, faute de les rémunérer.
Des filons corrélés aux fiefs perdus par Daesh
Zebari estime que l’organisation engrangeait approximativement entre 3 et 5 millions de dollars chaque jour, grâce aux taxes imposées sur les activités commerciales et à l’extorsion des banques irakiennes. Cependant, l’ancien membre du gouvernement irakien affirme que Daesh « bat en retraite et est cassé », et que dans ce contexte, l’ultime bataille de Mossoul, qui a déjà occasionné un lourd bilan humain, est « décisive » pour mettre définitivement fin à son califat. La vente au marché noir d’objets archéologiques antiques, de valeur inestimable, confisqués dans les zones conquises constituait une autre source traditionnelle de financement de l’Etat islamique. Une source elle aussi asséchée depuis la reprise en main par l’armée irakienne de sites et de musées emblématiques du pays, à la faveur de sa reconquête territoriale. Si l’ingéniosité des dirigeants de Daesh est sans borne quant à la recherche de nouveaux filons, il est indubitable toutefois que le califat vit son crépuscule. Et faute d’être en mesure de payer ses « soldats », les discours galvanisateurs et les promesses de paradis ne semblent guère attractifs pour les retenir.