Hier soir, sur France 3 a été diffusé le documentaire à charge sur la viande réalisé par Franz-Olivier Giesbert. Ce dernier y dénonce l’industrie, la grande distribution et… le halal !
Dans « L’Animal est une personne », le journaliste dénonce – fort justement – les méthodes utilisées dans l’industrie de la viande. Avec, à la clé, une question : « Comment peut-on manger des porcs ou des volailles élevés dans des conditions épouvantables ? » Dans Le Figaro, à la veille de la diffusion du documentaire, il explique : « Jamais la situation des animaux de boucherie n’a été aussi affreuse. » Jusque-là, impossible de contredire l’ancien boss du magazine Le Point, qui préfère de loin manger végétarien que de la viande.
Mais lorsqu’il explique que ces conditions d’élevage se sont détériorées « surtout avec le développement du halal sans étourdissement », Franz-Olivier Giesbert entre dans un débat quasiment politique, loin des conditions sanitaires des abattoirs halal, qui doivent répondre à des règles précises. FOG décrit notamment « une scène atroce avec un veau dans un abattoir halal. La représentante nous raconte qu’il souffre moins et qu’il devient tout de suite inconscient. » « Mais mon cul !, rétorque-t-il. On voit le veau tenter de se relever et il agonise en fait de longues minutes. »
Giesbert reprend les thèse du FN
Lors de la sortie de son livre du même nom, Giesbert semblait moins hostile à l’étourdissement. Il écrivait alors à propos de « l’abattage rituel, halal ou casher (FOG parle plus aisément du halal que du casher mais se sent parfois obligé d’évoquer ce dernier), indigne les partisans des droits des animaux. » « Pourquoi la grande distribution oblige-t-elle tout le monde à manger cette viande sans indiquer sa provenance ? », demandait-il, reconnaissant alors qu’il fallait « entamer un dialogue avec les musulmans pour améliorer les conditions de l’abattage rituel, qui pourrait être pratiqué après étourdissement, comme c’est le cas dans plusieurs pays européens. » Rappelons que la viande abattue rituellement qui se retrouve dans le circuit traditionnel est généralement casher et non halal.
FOG oublie également que l’étourdissement est déjà largement pratiqué dans les abattoirs halal. En effet, 90 % des volailles en France seraient électrocutées avant la saignée. Dans « La Bible du Halal », Lotfi Bel Hadj estime que Franz-Olivier Giesbert « a tort de fustiger l’abattage rituel, alors qu’aucun lien n’a aujourd’hui été fait entre les méthodes du halal et la douleur animale. » L’auteur du livre rappelle qu’« une partie de la corporation vétérinaire assure que l’abattage rituel tel qu’il doit être théoriquement réalisé est plus conforme au bien-être animal que la méthode traditionnelle. »
Un problème de contrôles, pas de halal
Membre de l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse, Sylvie Pouillaude-Bardon estimait, dans les années 90 pour une thèse, que « les conclusions de toutes les expérimentations scientifiques convergent vers une certitude solidement étayée : bien réalisé, l’abattage rituel est la façon la plus humaine car la moins traumatisante de mettre à mort un animal pour consommer sa viande. » Aujourd’hui, les méthodes d’élevage dénoncées par FOG sont liées à des considérations sanitaires et économiques : partout dans le pays, des industriels outrepassent les règles d’hygiène et de respect du bien-être animal pour faire des économies, pour augmenter la cadence. Ceci n’est pas un problème lié à l’abattage rituel, et l’affaire d’Alès le prouve, mais bien un manque de contrôles de la part des autorité sanitaires.
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