Voilà qui rappelle un épisode douloureux de l’histoire récente du Gujarat. En 2002, de violentes émeutes avaient éclaté dans cette région indienne. Le bilan avait été lourd : entre 800 et 2 000 musulmans avaient été tués. Des violences qui avaient débuté suite à l’incendie d’un train à Godhra, dans lequel une soixantaine d’hindous avaient péri. Bien que l’enquête ait conclu à un accident, de nombreux hindous avaient accusé les musulmans d’avoir volontairement incendié les wagons. Ces tensions dans les régions du Gujarat et de l’Uttar Pradesh sont fréquentes. Dix ans auparavant, à Ayodhya, les hindous avaient détruit la mosquée de Babri, considérant que cette dernière avait été construite sur le lieu d’un ancien temple.
Une Premier ministre qui souffle sur les braises
Près de quinze ans après les terribles émeutes, le Gujarat revit une période trouble. Certes, le bilan des violences qui ont éclaté ce week-end est moins lourd, avec un mort et quatorze blessés. Mais les dégâts matériels sont considérables. En effet, près de 5 000 personnes ont attaqué des musulmans et incendié leurs maisons. Des dizaines de bâtisses ont pris feu et de nombreux véhicules ont été détruits à Vadavali, un village de Patan. A l’origine de ces violences, l’accusation par des étudiants du mauvais comportement d’étudiants musulmans. Des membres de la communauté musulmane ont alors riposté en jetant des pierres, la police a dû utiliser des gaz lacrymogènes et tirer des balles pour disperser les manifestants. Un nouvel épisode dramatique dans un pays gouverné par un Premier ministre nationaliste. Narendra Modi avait, lors de l’attaque du train de Godhra, déclaré qu’il s’agissait d’une « attaque terroriste préméditée » et avait alors dit à la police du Gujarati qu’il ne s’opposerait pas à une « violente réaction hindoue » en cas de représailles.