Dans un contexte de plus en plus violent en Birmanie, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a adopté une résolution pour l’envoi d’une mission internationale indépendante afin d’enquêter sur les exactions commises par l’armée birmane contre les Rohingya. Récemment, un porte-parole du parti au pouvoir avait déclaré, à propos des massacres d’une partie de la population musulmane, que « ce sont des affaires internes, et non internationales. » La requête de l’OHCHR a donc logiquement été rejetée par la Birmanie, qui prétexte en plus que l’arrivée d’un émissaire international dans son pays ne ferait qu’« attiser » le conflit.
« Attiser » le conflit ? Une formule bien étonnante, quand on sait que la violence à l’égard des Rohingya est déjà à son paroxysme. La situation sur place est plus qu’alarmante : viols en réunion, meurtres, massacres, tortures, dont la plupart sont commis par les soldats birmans. Les allégations du Haut-commissariat concernent « notamment, mais pas seulement, la détention arbitraire, la torture et les traitements inhumains, le viol et d’autres formes de sévices sexuels, les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, les disparitions forcées, les déplacements forcés et la destruction illégale de biens. »
Cette minorité musulmane dans un pays à 90 % bouddhiste est apatride, et ce malgré leur présence depuis plusieurs générations. De son côté, prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi, qui avait été décorée « pour sa lutte non violente pour la démocratie et les droits de l’homme », semble rester de marbre. On aurait pu penser que sa lâcheté était due à sa volonté de ménager les nationalistes bouddhistes, mais en octobre 2013, lorsqu’elle était interrogée par une journaliste sur le sort des Rohingya, elle s’était emportée : « personne ne m’a dit que j’allais être interviewée par une musulmane. »